Reconversion

Témoignages : elles se sont reconverties avec succès dans la tech

Dans les métiers de la tech, les femmes restent sous-représentées, au sein d’un secteur numérique encore très masculin. Pour autant, la féminisation gagne du terrain, et les entreprises s’ouvrent de plus en plus aux profils en reconversion. À l’occasion de la journée du 8 mars, retrouvez le témoignage de deux femmes devenues développeuses Web à la suite d’une reconversion qui casse les codes.

Le numérique recrute. D’ici à 2030, le secteur de l’IT (technologies de l’information) devrait créer plus de 100 000 emplois dans l’informatique. Et, selon le rapport Les métiers en 2030, édité par France Stratégie et la Dares (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques), les emplois de l’informatique seront les plus dynamiques sur la période. Reste que, face à l’ampleur des besoins et à la pénurie de talents, la féminisation de ces métiers et de leurs filières de formations techniques est un sujet de préoccupation. Selon la fondation Femmes@numerique, les femmes ne représentent que 26,9 % des effectifs dans les métiers du numérique et moins de 16 % des fonctions techniques. Elles sont seulement 8 % à fonder une start-up (Sista, 2021). Malgré cet état de fait, les lignes bougent, et les habitudes de recrutement évoluent, pour s’ouvrir de plus en plus aux trajectoires de reconversion et aux profils féminins. Une dynamique positive illustrée par nos deux témoins.

Jade Da Silva Lima, 32 ans, ingénieure étude et développement chez Meritis

« Je suis développeuse informatique pour Meritis depuis deux ans, au niveau applicatif backend et frontend. De formation, je suis ingénieure agronome (bac +5) : j’ai travaillé pendant une petite dizaine d’années pour des entreprises de l’agroalimentaire en tant que responsable qualité et sur du management de projet. Tout au long de cette carrière-là, j’ai rencontré à plusieurs reprises des difficultés, où je sentais que des produits informatiques seraient utiles pour accélérer et automatiser certaines tâches. C’est en parallèle de tout cela que j’ai commencé à coder de mon côté, un ami m’a donné quelques cours rapides et cela a été un vrai coup de cœur. Cela m’a permis de mieux comprendre les difficultés des développeurs au sein de ma propre entreprise. Cela m’a tellement plu que j’ai décidé de me lancer dans une reconversion, à 29 ans. En commençant à coder, j’ai aimé ce côté création d’un produit, d’un projet de A à Z, cette capacité à résoudre un problème.

Pour me reconvertir, je suis passé par une préparation opérationnelle à l’emploi (POE) de trois mois, suivi d’un contrat d’apprentissage en alternance chez Dawan. La plupart des écoles qui le proposaient recherchaient des profils bac +2 ou bac +3 en informatique, ou bac +5 hors informatique comme c’était mon cas. Juste après avoir obtenu mon diplôme de développeur et concepteur d’applications et avoir mis à jour mon profil LinkedIn, plusieurs entreprises m’ont directement contactée, intéressées, je pense, par mon double profil. J’aime vraiment beaucoup ce que je fais en tant que développeuse, et j’ai encore plein de choses à apprendre. Je vois aussi beaucoup de perspectives d’évolution, sur des postes de cheffe de projet, de consultante… Durant mon parcours scolaire, l’informatique n’était pas ou peu valorisée pour les femmes. On disait souvent que c’était pour des profils geeks et masculins, et donc très stéréotypés. Mais fort heureusement, de nouveaux profils et de plus en plus de femmes rejoignent ces métiers, et cela ouvre des portes pour les suivantes. »

Stéphanie Boissière, 45 ans, développeuse chez Netia.

« J’ai entamé ma reconversion en 2019, et cela fait trois ans que je suis développeuse chez Netia, une entreprise de logiciel à Montpellier, en comptant mon alternance. Au quotidien, mon rôle, c’est de taper du code qui permet de développer des fonctionnalités sur des applications ou des logiciels, le plus souvent sur le Web.

Avant de changer complètement de métier, j’ai passé 20 ans dans la branche hôtelière, en tant qu’assistante de direction dans l’hôtellerie-restauration. Pour la reconversion, on parle souvent de déclic, mais je crois que ma réflexion a duré trois ou quatre ans, avant que je me dise allez, on y va. J’ai donc fini par obtenir ma rupture conventionnelle en 2019, en me disant, « Tu as deux ans pour trouver ce que tu veux faire ». J’avais quelques idées, et notamment une appétence pour l’informatique, mais j’étais alors assez négative : « Je suis trop vieille, je suis dépassée, je n’y arriverai pas… ». Je me mettais des barrières. Cela a changé après un bilan de compétences qui m’a fait comprendre qu’il faut choisir le métier qu’on veut faire, pas celui qu’on pense pouvoir faire.

Pour entamer le processus, j’ai participé au programme des DéClics Numériques de Diversidays, qui m’a permis de rencontrer des professionnels, de me renseigner sur les formations et les débouchés. Pour ma formation, j’ai commencé par un parcours de six semaines sur les compétences fondamentales proposé par Simplon, pour enchaîner par une formation de développeuse Web à temps plein sur 11 mois. À l’issue, j’avais un diplôme, mais à plus de 40 ans et en tant que femme qui se reconvertit dans le numérique, j’ai préféré terminer par une licence en alternance, toujours chez Simplon. Et cela a été très compliqué de trouver une entreprise qui accepte de prendre une alternante de plus de 40 ans. C’est mon entreprise actuelle, qui m’a donc ensuite gardée en CDI.

Cela n’a pas été facile, après 20 ans d’expérience dans un secteur de repartir de zéro, et de passer d’un métier à fort contact humain à un travail parfois plus solitaire, mais ce qui me plaît, c’est que j’apprends tous les jours. On me propose toujours des formations spécifiques et c’est très stimulant. Même si je n’ai pas rencontré de réels problèmes, le métier reste encore très masculin, mais cela évolue. J’étais la seule femme sur 30 salariés en arrivant, nous sommes aujourd’hui cinq. »

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