Formation

Témoignages : ils ont repris leurs études pendant leur carrière et ne le regrettent pas !

Qu’ils soient retournés sur les bancs de l’école pour se former à un nouveau métier, obtenir un diplôme, développer des compétences ou leur entreprise, tous nos témoins sont unanimes : qu’il est bon de continuer à apprendre, quels que soient son parcours et son âge !

Laurence Ravier : Se reconnecter à soi

« Je sentais que la décennie de mes 50 ans, c’était ma page blanche, l’occasion de me rapprocher au plus près de qui j’étais. À 51 ans, j’ai quitté le journalisme pour devenir psychopraticienne. J’avais bordé les choses : mes enfants sortaient de l’adolescence, ils partaient sur leurs rails, j’étais propriétaire de mon appartement, j’avais touché des indemnités à mon départ qui m’ont permis de financer la formation Indigo. Ce sont 1 200 heures, sur 3 ans, un mélange de théorie et de beaucoup de pratique. Au chômage, j’ai choisi la première année de ne pas travailler du tout pour suivre la plus grande partie de la formation. Je me suis aussi inscrite en auditrice libre à l’UFR des études psychanalytiques de Paris VII. Ça a été un bain de jouvence : j’avais l’impression de faire l’école buissonnière alors que j’allais à l’école ! Ce fut une année porteuse, lumineuse, riche en apprentissages, en rencontres. La même année, mon fils aîné commençait une école de cinéma et mon fils cadet passait son bac : nous étions trois étudiants à la maison, on avait la sensation de vivre en coloc, c’était formidable. Ces études m’ont permis de donner corps à mon tournant pro. Ce métier est impossible sans formation. J’ai commencé à exercer un an plus tard, en continuant à étudier en parallèle. Au début, on me posait souvent la question : ‘Quelle est votre formation ?’ Cela donne une assise, c’est d’autant plus important que ma profession n’est pas réglementée. Mais ce n’est pas l’unique formation : “Le travail personnel en thérapie est essentiel. »

Myriam Sidikou : Exercer un métier passion

« Avocate de formation, j’avais réalisé des études longues : deux master 2, puis l’école du barreau. Mais ce métier, d’autres l’avaient choisi pour moi. J’ai fait un burn-out à 34 ans. Une thérapeute m’a beaucoup aidée. Elle m’a notamment fait prendre conscience que j’étais multipotentielle. Je me suis alors autorisée à rêver, à explorer ma fibre artistique, ce qui n’était pas une option au départ. J’ai repris des études pour me réécrire et pratiquer un métier passion. En 3 ans, j’ai fait trois écoles différentes. D’abord l’école Kourtrajmé, sur 9 mois, où j’ai appris les rudiments du métier de scénariste. Mais pour pouvoir raconter des histoires et espérer avoir un niveau de vie acceptable, j’ai réalisé qu’il me fallait opérer un virage technique. J’ai suivi deux formations courtes et certifiantes en montage audiovisuel et j’ai réalisé mon premier court-métrage : Ancestrales, qui est en lice au Nikon Festival Film 2024. J’ai aussi intégré la branche séries de la Femis, grande école de cinéma, où je suis une formation jusqu’à fin mars. La France reste le pays des diplômes, contrairement aux pays anglo-saxons, qui ont davantage une culture entrepreneuriale. Prouver qu’on est compétent passe au moins par un certificat. Les études sont pour moi un investissement : elles donnent de la crédibilité, ouvrent des portes, accès à un réseau… Aujourd’hui, je prends plaisir dans cette voie que j’ai choisie. Je me permets d’essayer. Comme disait Mandela : “Je ne perds jamais, soit j’apprends, soit je gagne.”

Yann Maurel Loré : Se sentir légitime

« Esthéticien, j’ai fondé la marque de beauté Estime&Sens. Comme tout chef d’entreprise, j’avais des hauts et des bas, besoin de sources de motivation et trop peu d’occasions de prendre de la hauteur et de sortir de mon entreprise. J’ai reçu un jour un mail qui me proposait la formation « 10 000 Small Business France », conçue et financée par Goldman Sachs, dispensée par l’Essec. N’ayant fait ni école de commerce, ni études de finance ou de marketing, je ressentais un peu un syndrome de l’imposteur en tant que chef d’entreprise. La formation a duré cinq mois, ça a été une période très intense : cela représentait un tiers de mon temps. Nous étions 70 chefs de TPE/PME à suivre des cours à distance ou en présentiel et des séances de coaching en groupe pour nous aider à avancer. C’est super d’être en contact avec des gens qui ont les mêmes problématiques que soi : ça rassure sur ce qu’on vit au quotidien. J’ai découvert une fraternité exceptionnelle entre pairs. Je fais désormais partie du réseau d’alumni Essec et Goldman Sachs : c’est énergisant. On n’aborde pas les études de la même façon à 53 ans qu’à 20 : on est capable d’attribuer son énergie à un domaine où on sera efficace, compétent, et de déléguer le reste. À la fin de la formation, j’ai organisé un séminaire pour présenter mon plan à mes collègues : on s’est réparti les tâches. Cette formation m’a donné beaucoup de confiance dans mes choix. J’ai la sensation d’être plus légitime, de prendre des décisions plus éclairées. »

Perrine Camus : Bifurquer vers les RH

« À 26 ans, après quatre années passées dans la restauration, je me suis lancée dans un master RH en alternance, que je termine en septembre prochain. J’avais obtenu, en 2018, un BTS assistant de manager à l’issue duquel j’ai cherché du travail mais sans succès. Mon diplôme et mes deux stages ne suffisaient pas, il fallait pousser les études plus loin. Mais je préférais travailler. De l’expérience, j’en avais dans la restauration, où j’avais fait un job d’été. J’ai travaillé quatre saisons dans ce secteur. Cela m’a apporté beaucoup de maturité, de compétences. Après le Covid, les choses sont devenues plus compliquées, j’ai réalisé que ce métier ne me convenait plus. Un entretien avec mon conseiller Pôle emploi, un mini bilan de compétences et un stage de chargée de recrutement dans une agence d’intérim m’ont confirmé la voie dans laquelle je voulais m’orienter : les RH. Reprendre ses études alors qu’on a eu l’habitude d’être dans la vie active est particulier : j’avais perdu l’habitude de rester assise, à écouter, d’avoir du travail à faire en rentrant. Cela peut être stressant au début, on peut se sentir sous l’eau : il faut s’accorder un temps d’adaptation. J’ai fini par trouver mon rythme entre travail et études : avec l’alternance, on met tout de suite en pratique ce qu’on apprend à l’école, cela aide à avoir une vision claire du métier. Et surtout, cela permet d’être mis en situation : on apprend à bien communiquer, à gérer de l’humain, ce qui est au cœur de la fonction RH. »

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