TikTok, nouveau canal pour trouver un emploi ?

Parmi les nouveaux outils accessibles et à fort potentiel en termes d’usages professionnels, le réseau social TikTok pourrait bien vous surprendre. La plateforme, où les entreprises sont toujours plus présentes, propose des leviers pour booster votre carrière et découvrir des campagnes de recrutement inédites. Décryptage avec Jean-Noël Chaintreuil, directeur du cabinet de conseil Change Factory et co-auteur de 101 questions sur TikTok, (Diateino).

En quoi peut-on faire un usage professionnel de TikTok ?

Ce que les gens oublient souvent, c’est la pertinence de l’algorithme de TikTok. Si vous commencez à regarder ou à liker des pages d’entreprises ou présentant des métiers, l’algorithme va s’adapter en quelques minutes et quelques heures, puis vous proposer du contenu pertinent sur le marché du travail. Comme un aimant à contenus. Par exemple, la SNCF qui présente un poste de technicien de maintenance. TikTok permet de s’informer sur plein de choses sans forcément aller les chercher, parce que l’algorithme s’adapte très rapidement à vos centres d’intérêts. Pour autant, il n’est pas nécessaire de suivre uniquement des entreprises ou des contenus professionnels, il faut embrasser le côté multifacettes de TikTok. Je répète aux entreprises : don’t do adds, do TikTok (ne faites pas des pubs, faites du TikTok). Pourquoi est-ce que cela fonctionne ? Parce que les employeurs qui suivent les codes de la plateforme diffusent de l’authenticité qui parle aux candidats.

Les marques et les entreprises s’emparent donc aujourd’hui de la plateforme ?

Exactement, et TikTok se distingue par un taux d’engagement exceptionnel, il suffit de regarder les chiffres de certaines entreprises ou même de petites start-ups qui touchent des centaines de milliers de followers. Les entreprises qui marchent sur le réseau sont celles qui ont accepté d’en suivre les codes, d’aller chercher le public qui y est présent. Et c’est un grand coup de boost pour leur marque employeur. On parle beaucoup d’addiction quand on parle de TikTok, mais le maître mot c’est vraiment l’engagement. Il y a quelque part cette notion d’éducation et d’entertainement en même temps. Il faut aussi dire que TikTok est en train de signer aux Etats-Unis des accords avec tous les grands logiciels et organismes de formation pour diffuser directement des contenus et des offres de formation. Tout cela afin de profiter de la viralité de TikTok.

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Pour les chercheurs d’emploi et les jeunes travailleurs, TikTok est donc également un outil ?

C’est une pratique que l’on voit se démocratiser de plus en plus. Et je pense effectivement que faire de la veille sur TikTok peut être intéressant pour les candidats. Il faut aussi partir du principe que si les employeurs et les marques investissent TikTok, c’est qu’ils ont parfois du mal à recruter et à attirer un certain public par d’autres moyens. En revanche, je ne saurais pas dire si la démarche et le process de recrutement se fait jusqu’au bout via TikTok, et s’il n’y a pas le plus souvent une bascule vers les canaux classiques, mais ce qui est sûr et ce qui compte c’est cet hameçonnage et cette nouvelle façon d’aller chercher des candidats, de montrer les coulisses des métiers en tension et en forte demande. On a vraiment de la démonstration de valeur qui peut intéresser les candidats, qui va au-delà des descriptions de postes parfois ennuyeuses et peu engageantes.

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Vous citez notamment dans votre livre l’exemple de Pôle emploi, les grands organismes se tournent aussi vers le réseau ?

Tout à fait, avec toujours cette notion d’aller au plus près des candidats et d’aller là où ils sont, là où sont les jeunes. On ne peut plus dire aux jeunes d’aller prendre un ticket et de faire la queue à Pôle emploi. Alors on s’empare de leurs codes pour leur parler, et cela marche très bien. Pôle emploi s’adapte ainsi à une grande partie de sa cible, et envoie le message qu’elle les écoute, pour créer de la connivence et aller chercher des personnes qui ne seraient pas venues d’elles-mêmes.

Il est cependant important de rappeler qu’il ne faut pas se laisser éblouir par TikTok, que ce soit positivement ou négativement. De mon point de vue, TikTok c’est un peu comme Excel : les gens ne l’utilisent qu’à 5 % de son réel potentiel. C’est un nouveau monde, un nouvel outil à apprivoiser et à accepter. Cela n’a rien à voir avec LinkedIn ou avec Instagram, ce sont de nouveaux codes qui nécessitent un contenu particulier et une utilisation différente. Par exemple, si j’étais aujourd’hui en Terminale en train de passer le bac, j’irais sur TikTok pour réfléchir à mon orientation, parce que les écoles et les parcours universitaires s’y installent également, pour s’adresser aux futurs étudiants directement.