Emploi

“Tout le monde peut travailler à la Sécu”

Les 300 organismes de la Sécurité sociale embaucheront 10 000 personnes cette année. Parmi elles, 7 000 seront recrutées dans le domaine du “contact tracing”. Le point avec Raynal Le May, directeur de l’UCANSS, la fédération des employeurs de la Sécurité sociale.

La crise a-t-elle impacté les recrutements de la Sécurité sociale ?

Précisons d’abord que la Sécurité sociale regroupe 300 organismes locaux et nationaux : les CAF, les caisses primaires d’assurance maladie (CPAM), les caisses d’assurance retraite et santé au travail (CARSAT) et les Ursaaf. Il y a donc 300 employeurs potentiels.

Le Covid-19 a bousculé notre organisation, mais nous nous sommes vite adaptés. Actuellement, 80 % de salariés sont en télétravail 4 jours sur 5. Car notre niveau de digitalisation (90 % des documents) est très élevé. Le service public de la Sécurité sociale a été assuré en 2020, et il continue de l’être.

La pandémie n’a pas affecté nos recrutements. Nous embauchons 10 000 salariés par an, dont 7 000 en CDI et 3 000 en CDD. Cette année, malgré la crise, le volume d’offres à pourvoir restera le même. La seule différence, c’est que nous répondrons en 2021 à de nouveaux besoins, liés à la pandémie.

En 2020, l’État nous a confié la mission de suivre les personnes malades et contagieuses, et de recenser les cas contacts. Ce dispositif, le “contact tracing”, a pour but de casser les chaînes de contamination. Dès lors que vous avez un test positif au Covid, les salariés de l’Assurance maladie vont vous appeler, vous conseiller et vous demander avec qui vous avez été en contact récemment. Ils informeront et accompagneront ensuite ces cas contacts.

Cette mission nouvelle a donc créé de nouveaux besoins de recrutement. 7 000 postes y sont dédiés, dont 1 200 CDI et 5 800 CDD. Ils sont réservés à des personnes de niveau bac+1/bac+2, possédant une formation ou une expérience réussie en relation client, ou dans le domaine sanitaire et social. Mais elles doivent aussi avoir des compétences relationnelles (écoute, empathie) : ce métier vous confronte souvent à des assurés malades, qui sont inquiets et qui ont aussi besoin d’être rassurés.

 

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Quels sont les types de postes à pourvoir, et quels métiers recruteront en 2021 ?

À la Sécurité sociale, 80 métiers recruteront cette année. D’abord, ceux de la relation client (accueil physique, téléphonique, par e-mail). Ensuite, les gestionnaires conseil, chargés des ouvertures de droits, du remboursement de soins et du calcul des points de retraite. Accessibles à bac+1/bac+2, ils seront très recherchés. Comme n’importe quelle entreprise, nous aurons aussi besoin de fonctions supports (informatique, comptabilité, RH, juridique) et de métiers experts (statisticiens, contrôleurs de gestion). Des profils accessibles à bac+3/bac+4. Enfin, nous aurons aussi plus que jamais besoin de recruter des managers. 1 400 précisément, de niveau bac+4 à bac +5. Ils seront amenés à gérer des équipes dans les services comptables, RH, audit, gestion de la retraite. Nous recherchons aussi des cadres supérieurs, pour diriger des services entiers, dans la retraite ou l’assurance maladie.

 

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Face à cette mosaïque de postes ouverts, tous les profils peuvent-ils postuler à la Sécurité sociale ?

Nos postes sont ouverts à tous, de bac+1 à bac+5, sans profils types. Il y aura, en 2021, autant d’opportunités pour les jeunes de moins de 30 ans, que pour les candidats plus expérimentés. Qu’ils viennent de l’industrie, du commerce ou de la banque. L’essentiel reste d’avoir des compétences transférables, adaptées aux postes proposés. Nous sommes aussi attentifs, lors de nos recrutements, à la maîtrise de certaines “soft skills”, comme le sens de l’écoute et l’empathie. Les candidats doivent aussi avoir l’envie d’effectuer un travail d’intérêt général, au sein d’une entreprise de service public. C’est d’ailleurs dans ce sens que l’UCANSS a baptisé sa campagne de recrutement, lancée en janvier dernier, “Je suis ce que je fais”. L’enjeu pour nous en 2021 est de donner envie à de nouveaux talents de nous rejoindre ; des personnes partageant nos valeurs de solidarité et de service public. Nous essayons ainsi de valoriser l’engagement de nos collaborateurs pendant cette crise sanitaire. Une crise que la Sécurité sociale contribue grandement à amortir, en versant des prestations sociales (CAF, CPAM) et en accompagnant les entreprises en difficulté (URSAAF). Depuis janvier, nous constatons un doublement du nombre de candidats, qui aspirent à davantage de sens au travail.

 

Comment postuler, concrètement, à la Sécurité sociale ?

Il est important de préciser que les salariés de la Sécurité sociale ne sont pas des fonctionnaires, mais des salariés de droit privé. Nous sommes des organismes de droit privé, chargés de la gestion d’un service public à caractère social. Les recrutements sont donc similaires à ceux de n’importe quelle entreprise. Pour intégrer l’un de nos organismes, il ne faut pas passer un concours, mais se rendre sur le site “La Sécu recrute”. Puis postuler à l’une des 800 offres d’emploi qui y sont proposées chaque jour par nos organismes.

Il faut garder en tête que l’essentiel des recrues feront du télétravail. Mais certains métiers ne peuvent être exercés à distance. Par exemple, ceux dédiés à l’accueil physique des assurés, ou au traitement des quelques dossiers papiers qui n’ont pas encore été dématérialisés complètement. Ils suivront une formation sur site, et devront ensuite respecter le protocole sanitaire en vigueur.

 

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Pourquoi est-ce important de préciser que vos salariés ne sont pas fonctionnaires ? Les candidats ont-ils une image faussée de la Sécurité sociale ?

Effectivement, beaucoup de personnes pensent que pour rentrer à la Sécurité sociale, il faut passer un concours. Car à leurs yeux, il s’agit d’une administration. Elles vont alors jusqu’à s’auto-censurer, en ne prenant même pas la peine de candidater. Mais nous ne sommes pas une administration. S’il fallait faire passer un seul message : tout le monde peut travailler à la Sécu. Elle est ouverte à tous, et vous trouverez souvent un poste, en fonction de votre diplôme, de vos compétences et de vos envies.

 

Quelles sont les perspectives de carrière dans votre groupe ?

5 % de nos 140 000 salariés fixes accèdent, grâce à la formation interne, à d’autres postes. Il n’est pas rare d’entrer comme téléconseiller ou gestionnaire de droits, pour devenir plus tard manager d’équipe ou directeur d’une Caisse locale. Beaucoup de nos cadres sont d’anciens salariés entrés sur des premiers niveaux de responsabilité.

Il est aussi possible de bouger au sein du réseau, d’un organisme local à un autre. Et comme nous ne sommes pas une administration, les salariés en mobilité géographique ne perdent ni leur ancienneté, ni leur niveau de rémunération.

 

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