Selon le dernier baromètre de l’éditeur de solutions RH Lucca, sur l’employabilité et l’avenir professionnel, 49 % des salariés envisagent aujourd’hui de changer de métier. Une tendance qui nourrit la multiplication des trajectoires de reconversion, souvent accompagnées par les dispositifs et les organismes dédiés. À commencer par le réseau des Transitions Pro, qui finance et sécurise les reconversions des salariés du privé, notamment via le projet de transition professionnelle (PTP) ou le dispositif démission-reconversion. Valorisant ces trajectoires et soulignant l’importance sociétale de la reconversion, les Trophées de la reconversion sont un rendez-vous annuel incontournable. Et ce, au travers de cinq catégories, auxquelles les personnes s’étant reconverties pouvaient candidater librement : Nouveau métier, Création d’entreprise, Rebond, Senior, Entreprise. Les prix ont été décernés, ce mardi 24 septembre, par un jury présidé par Jean-Marc Mormeck, six fois champion du monde de boxe et aujourd’hui à la tête l’agence d’insertion et d’orientation Oriane. Le tout en présence de Trésor Makunda, sprinter handisport multimédaillé olympique et ambassadeur de Transitions Pro, et de Laura Flessel, quintuple médaillée olympique et ancienne ministre des Sports.
La reconversion, c’est l’avenir
« La reconversion, c’est avant tout un droit fondamental. Celui de pouvoir dire « Je veux changer, je veux apprendre, je veux évoluer » et de pouvoir le faire, parfois en empruntant une voie qui n’avait pas du tout été envisagée au départ, souligne Séverine Garandeau Martin, présidente du réseau Certif Pro, qui coordonne les associations régionales des Transitions pro. Chacun d’entre nous peut être confronté à ces situations, notre ambition est que la reconversion ne soit pas une option de dernier recours, mais une opportunité professionnelle supplémentaire. » Et, pour cause, comme le montre cette mise en lumière de la reconversion, la génération qui arrive dans le monde du travail pourrait connaître près d’une quinzaine de changements d’emploi et plus de cinq entreprises au cours de sa carrière. « Transition Pro agit comme un révélateur de la société du travail, en démontrant l’utilité sociale et économique des dispositifs de reconversion. Ces Trophées sont l’incarnation de cette utilité », affirme Christophe Jurkew, président de Transitions pro Île-de-France.
Les différentes voies de la reconversion
Le Trophée « J’ai changé de métier », a récompensé une trajectoire atypique. Nicolas Lazic, 41 ans, est arrivé en France en 2014 sans parler un mot de français : « J’ai commencé par travailler comme agent de sécurité, car cela nécessitait peu d’usage de la langue. Mais cela ne me correspondait pas et je voulais changer. J’ai donc fait les démarches nécessaires pour me reconvertir et me former. » Grâce à son apprentissage du français et à l’accompagnement dont il a bénéficié, il est aujourd’hui responsable de dossier dans un cabinet comptable.
La catégorie « Rebond : J’ai fait une reconversion à la suite d’un souci de santé ou d’un handicap », témoigne d’une problématique qui peut survenir à tout moment d’une carrière. La lauréate, Djamela Bentrar, 45 ans, a travaillé comme aide-soignante dans un Ehpad, jusqu’à ne plus pouvoir assurer ses responsabilités en raison de douleurs physiques et de problèmes de santé. « J’avais des difficultés à m’immobiliser, à marcher, les douleurs se faisaient de plus en plus intenses. J’ai été accompagnée par la médecine du travail et la conseillère d’évolution professionnelle, et je me suis lancé dans une reconversion via Transitions pro. Je ne me voyais pas à l’origine faire un métier de bureau, mais c’était nécessaire, et j’ai été séduite par le secteur des RH », explique l’intéressée. Aujourd’hui, après une reconversion lui ayant permis de rester active et insérée professionnellement malgré son handicap, l’ancienne aide-soignante est chargée des RH au sein d’un CFA.
Autre levier de reconversion majeur : la voie de l’entrepreneuriat. Comme ce fut le cas pour Vincent Géraudet, 47 ans, lauréat de la catégorie « J’ai créé mon entreprise ». Professionnel de l’hôtellerie-restauration et passionné de distillation, ce dernier a fait le choix de transformer une passion en projet professionnel. « Je suis passé par le dispositif démission-reconversion, pour création d’entreprise, explique-t-il. J’ai pris le temps de structurer mon projet, de me former, de prendre conseil auprès des bonnes personnes. C’est une prise de risque et j’ai dû faire des concessions, notamment financières, mais je vis de ma passion. »
Le prix « Entreprise » a, lui, été décerné à Engie Solutions, qui s’est distingué par son engagement pour la formations de demandeurs d’emploi et la facilitation des reconversions professionnelles en interne, ainsi que pour l’égalité femmes-hommes et l’inclusion. Cerise sur le gâteau : un prix « coup de cœur du jury », remis à Anne-Sophie Doisy, une ancienne employée de banque pendant plus de 10 ans devenue peintre décoratrice : « J’ai pu réaliser mon rêve après avoir pris le temps de me reconvertir. Et j’ai notamment travaillé sur l’extension des parcs de Disneyland Paris, sur la création des décors. »
Crédits photos: Pascal Versaci