Votre livre découle de cette idée que chaque personne a ses propres talents et sa propre voie à découvrir…
En effet, les talents innés, ce sont des choses que l’on fait naturellement, avec facilité et souvent avec joie. C’est vraiment le fil rouge du livre : nous avons tous des talents innés propres qui constituent nos zones d’excellences naturelles. Et il faut s’y reconnecter pour déterminer sa stratégie d’excellence. À chacun sa manière d’évoluer. L’une des clés pour la réussite professionnelle, c’est justement de découvrir sa propre voie. C’est votre singularité et il faut l’assumer, il ne faut pas essayer de vivre la vie de quelqu’un d’autre. D’où l’intérêt de se replonger dans l’enfance, de retracer son parcours pour identifier les talents que l’on a peut-être perdus ou délaissés. Parce que trouver sa zone de génie permet de se réaliser en étant pleinement soi-même.
Quels sont vos premiers conseils pour retranscrire ses talents sur le plan professionnel ?
C’est tout le défi et tout l’enjeu. Déjà, je pense que c’est bien d’être aidé, surtout quand on se cherche et qu’on a beaucoup d’incertitudes. Parce que quand on avance seul, on a beaucoup de zones aveugles. Ensuite, il faut intégrer que tout le monde a des talents, et que vous aussi. On pense qu’un talent, c’est par exemple être très doué au piano, mais c’est plus large que cela. Cela peut, par exemple, avoir une très bonne capacité et qualité d’écoute. Et c’est cela qui peut se retranscrire en compétences professionnelles très utiles. Les talents s’expriment souvent dans ses hobbies, sa vie personnelle. Comme ce sont des choses que l’on fait avec plaisir, on a moins tendance à y penser pour le côté professionnel, mais c’est en se reconnectant avec tout cela qu’on peut trouver plus de sens au travail. En étant soi-même et en exploitant ses talents.

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Il y a donc un alignement à trouver, entre ses talents et ses valeurs ?
On peut toujours trouver un alignement, qui sera vecteur de sens au travail. Il y a d’une part les talents à identifier, et d’autre part ce que j’appelle la mission de vie, le « leitmotiv » que l’on souhaite se donner. C’est souvent quelque chose qui se développe dans l’enfance, et qui découle de son socle de valeurs, un peu sur le modèle de l’Ikigai. Cela peut être travailler avec les enfants, œuvrer pour l’environnement, aider les autres… Qu’importe, c’est une sorte de boussole qui peut donner un cap.
Quand on construit une carrière sur des compétences apprises qui ne découlent pas de ses talents innés ou de son socle de valeurs, on craindra plus l’échec et on aura plus tendance à décrocher, à perdre de l’intérêt, voire à faire un burn-out. Si vous inversez cela en vous basant sur vos talents et le sens que vous souhaitez donner à votre carrière, vous limiter ces risques. Il faut également réfléchir en termes de besoins propres, pour éviter de s’épuiser dans un travail avec lequel nous ne sommes pas alignés. Cela peut passer par une reconversion ou un renouveau professionnels, mais il ne faut pas tout balayer d’un coup. J’encourage plus à la stratégie des petits pas, en commençant par une étape d’introspection.
Quel message pouvez-vous adresser aux personnes qui se cherchent encore ?
Chacun doit trouver son rythme et identifier ses talents pour se créer un bassin d’opportunités. Et c’est une réflexion que l’on peut mener tout au long de sa carrière, pour refaire le point de temps en temps. J’accompagne surtout des personnes entre 35 et 60 ans, qui ont déjà une certaine expérience et souhaitent retrouver du sens, mais quel que soit l’âge, il s’agit de mettre des mots sur des éléments souvent inconscients. Je pense qu’il faut être très ambitieux de manière existentielle. Il faut accepter qui on est et ne pas vouloir être quelqu’un d’autre. Pour cela, il faut être courageux et exigeant.
Un point de vigilance à mettre en avant ?
Parmi les exercices pratiques que je propose, il y en a qui se fonde sur le paradoxe de la performance. Concrètement, je demande aux personnes de lister les 10 qualités essentielles qui les ont fait réussir. Puis de sélectionner la plus importante ainsi que celle qui leur paraît la plus éloignée de celle-ci. Par exemple : l’organisation et la créativité. Ensuite, je leur demande de trouver des synonymes positifs, mais aussi des synonymes négatifs. Autrement dit, il s’agit de mettre en avant les conséquences positives lorsque nos talents sont renforcés dans un contexte de succès, mais aussi de prendre conscience de la zone de vigilance et des risques de conséquences négatives si l’on va trop loin dans ses talents. Ainsi, dans l’exemple, si vous être vraiment trop organisé, vous risquez de devenir pointilleux et procédurier. Et si vous êtes trop créatif, cela risque de partir dans tous les sens. Aller trop loin dans un talent ou dans une qualité peut aussi faire basculer dans l’échec. Il faut rechercher de l’équilibre et ne pas se spécialiser sur un seul aspect de ses talents.