Pendant le salon VivaTech 2019, une quarantaine d’entreprises, dont Orange, Atos et Salesforce, ont signé un “Manifeste pour la reconversion des femmes dans les métiers du numérique”. Ils s’engagent notamment à élargir leurs critères de recrutement, et à favoriser la mobilité interne.
“Les femmes ne représentent que 27,5% des emplois du numérique malgré les nombreuses initiatives pour faire évoluer ce chiffre depuis une dizaine d’années. Il est en baisse à l’heure où les métiers du numérique portent l’économie d’aujourd’hui et de demain”, constatent la start-up Social Builder et Syntec Numérique (syndicat professionnel des entreprises du numérique) dans leur “Manifeste pour la reconversion des femmes dans les métiers du numérique”, présenté jeudi 16 mai lors du salon VivaTech.
Signé par 44 entreprises, dont Nokia, Orange, Atos, Salesforce, Le Bon Coin, CapGemini, ou encore Siemens, ce document vise à “briser la paroi de verre” et à “valoriser la reconversion professionnelle” des femmes dans les métiers de la tech. Pour “accroître la présence des femmes dans les métiers du numérique et permettre à celles qui ont pris le virage de s’y intégrer”, les organisations signataires se sont engagées, très concrètement, à suivre dans leurs politiques de ressources humaines, 6 principes.
D’abord, élargir leurs critères de recrutement, “notamment pour les métiers dits techniques”, afin de “prendre en compte le potentiel, les compétences transverses, la posture et l’ensemble du parcours de formation qu’il soit initial ou continu”. Ensuite, en valorisant tous types de parcours professionnels dans les processus de recrutement.
Les entreprises s’engagent aussi à “recruter des profils de tout âge”, à mettre en place des actions et des dispositifs d’accompagnement pour assurer l’accueil et l’intégration des talents en reconversion vers le numérique, à accompagner la mobilité interne en “mettant en place les ressources et les actions de formation nécessaires pour assurer des parcours individuels d’évolution interne à succès”, et enfin à former les salariés “aux pratiques favorisant l’inclusion et l’égalité Femmes/Hommes”.
« La présence des femmes est stratégique, notamment économiquement”
Favoriser ainsi l’accès des femmes actives aux métiers du numérique “répond à un double enjeu : sociétal – il faut en finir avec les stéréotypes de genres -, mais aussi économique, puisque la présence accrue des femmes dans le numérique pourrait augmenter de 9 milliards le PIB de l’Union Européenne chaque année”, indique Emmanuelle Larroque, fondatrice de Social Builder. Et de noter que si les femmes sont bien souvent encouragées à suivre d’autres voies que les sciences et le numérique pour des “raisons culturelles, systémiques et historiques”, celles-ci sont toutefois 60 % en France à être diplômées du supérieur.
“Néanmoins leur diplôme ne les protège pas de l’exclusion du secteur du numérique. Pourquoi ? Parce que les pratiques et les critères de recrutement n’ont pas suffisamment évolué face à la pénurie de compétences. Les entreprises françaises tirent peu parti de l’enthousiasme des femmes à construire leur avenir dans le numérique en raison d’une croyance fondée sur l’importance du niveau de diplôme initial. Il n’en est rien, en témoignent les milliers de reconversions réussies issues des formations continues aux métiers techniques, regroupées sous des labels qui en assurent la qualité tels que Paris Code, Grande École du Numérique, etc.”, peut-on lire dans le manifeste.
“Si l’on veut changer les choses, il faut des chiffres précis »
Présent lors de la signature officielle de ce document, Cédric O, secrétaire d’État en charge du numérique a décrit la trop faible parité dans le monde de la tech comme “inacceptable”. “Sachant qu’aujourd’hui, il nous manque 80 000 personnes dans ce secteur, il est impensable que la moitié de la population soit mise de côté”. Selon lui, “la question n’est plus celle du financement, ou celle de la régulation, mais celle du recrutement et de la formation”. Et d’ajouter, à l’attention des entreprises : « si l’on veut changer les choses, il faut des chiffres précis ».
Afin de pousser d’autres sociétés à engager plus de femmes, à mettre en place des programmes pour accompagner les femmes dans leur reconversion, et à former les plus jeunes aux métiers du numérique, les signataires du manifeste de Social Builder et Syntec Numérique s’engagent à mettre en œuvre “au moins” 3 des 6 engagements précités, et à communiquer le nombre de femmes en reconversion vers les métiers du numérique, recrutées en externe ou en interne, à chaque fin d’année sur une plateforme dédiée.
Bien que les entreprises seront évaluées tous les trimestres, il ne s’agira pas d’un classement, mais au contraire d’un système vertueux qui devrait pousser d’autres entreprises à s’engager”, note Emmanuelle Larroque. “44 entreprises ont signé, et ce n’est qu’un début”, ajoute Eugénie Bertrand, chargée de communication de Syntec.