Et si le problème du chômage se réglait par le recours aux freelances ? Le baromètre trimestriel Vivastreet fait en tout cas ressortir l’engouement des employeurs pour les collaborateurs non salariés en 2016 par rapport à 2015. L’analyse de Julien André, directeur emploi chez Vivastreet.
Après le premier trimestre 2016, Vivastreet a décrypté les 27 830 offres mises en ligne sur son site depuis le début de l’année par des TPE et PME (hors grands comptes et intermédiaires du recrutement), afin de mettre en exergue le type de contrat qui a connu l’évolution la plus parlante. Résultat ? En un an, les annonces destinées aux indépendants ont battu tous les records. Celles-ci sont effectivement passées de 6 428 offres à 7 398 pour le premier trimestre de 2016, soit une hausse de 15 %. L’emploi se précarise de plus en plus depuis quelques années. Les missions en CDD ou en intérim sont devenues des postes à part entière et non plus une première étape de l’intégration à l’entreprise. Chez Vivastreet, nous nous rendons compte de l’ampleur du phénomène, avec désormais une augmentation quasi-constante des offres pour indépendants. Les entreprises sont aujourd’hui à la recherche de solutions alternatives afin de s’entourer de collaborateurs, elles ont besoin de services et de compétences particulières. Si cela s’apparentait encore il y a peu à des postes de graphistes par exemple, des fonctions plus “traditionnelles” en freelance se démocratisent de plus en plus.
Adieu au chômage
En 2015, une expression faisait le buzz : l’ubérisation. Inspiré des travailleurs de l’entreprise américaine Uber qui ne sont pas salariés du groupe mais “employés” par Uber, ce terme traduit la tendance grandissante du travail indépendant. Mais qui sont ces travailleurs “ubérisés” ? Développeurs informatiques, illustrateurs, graphistes, rédacteurs, coursiers à vélo, commerciaux ou encore consultants en marketing… tous les secteurs sont concernés. Les travailleurs indépendants représenteraient aujourd’hui 34 % des actifs aux États-Unis (1). En France, entre 2006 et 2011, le nombre de freelances a augmenté de 26 % (2). Cela s’explique notamment par la création du régime d’auto-entrepreneur en 2009 et par la crise économique. En effet, il s’agit d’un signe d’adaptation : le travail non salarié représente souvent la seule solution afin de dire adieu au chômage. Ce statut joue désormais un rôle important dans la création d’emplois. En outre, plus de la moitié des travailleurs indépendants ne signeraient pas un CDI s’ils en avaient la possibilité (3).
Records pour les stages et l’alternance
Toutefois, si ce phénomène se démocratise de plus en plus, il reste à relativiser. Les travailleurs non salariés ne représentent qu’une personne active sur dix en France, ce qui place l’Hexagone parmi les pays de l’Union européenne où le travail indépendant est le moins répandu : sur 25,8 millions d’actifs, 3 millions sont indépendants (4). Ainsi, le travail non-salarié fait beaucoup parler de lui depuis quelques années. Toutefois, ce n’est pas l’unique type de contrat qui se propage sur le marché de l’emploi. Sur Vivastreet, les annonces de stages et d’alternance battent également des records. Ces offres sont passées de 724 postes ouverts au premier trimestre de 2015 à 1 267 à la même période cette année. La raison de cette hausse ? Tout comme le travail indépendant, la crise économique.
(1) Selon Les Échos.
(2) Selon l’INSEE, 2011.
(3) Selon France Info, 2015.
(4) Selon l’AFP et l’INSEE, 2015.