Ralentissement de la demande des entreprises
Les enquêtes de conjoncture de l’Insee pour novembre 2023 signalent un climat peu optimiste parmi les chefs d’entreprise pour l’année à venir. Selon l’économiste Alexandre Judes du Hiring Lab d’Indeed, « dans l’industrie, l’indicateur se situe sous son niveau de longue période, avec une contribution négative des anticipations de recrutement. Dans les services, il est à son niveau de longue période. »
Après une montée significative depuis 2021, le taux d’emplois vacants amorce une descente, revenant à sa tendance d’avant la pandémie. Selon les données de la Dares, « les contraintes auxquelles sont soumises les entreprises changent graduellement : aux contraintes d’offres nées ou amplifiées pendant la pandémie succèdent progressivement des contraintes de demande, qui résultent du ralentissement de l’activité économique en cours. »
Stagnation des créations nettes d’emploi
Le nombre de créations nettes d’emploi diminue, notamment dans les secteurs cycliques tels que l’intérim et la construction, qui voient respectivement 40 700 et 7 300 emplois détruits sur un an. Alexandre Judes souligne qu' »une contraction prolongée de l’activité pourrait tout de même se traduire par une destruction plus importante d’emplois existants, sauf si un nombre suffisant d’employeurs continuent à retenir la main-d’œuvre. »
Stabilisation du chômage et halo persistant
Après une baisse trimestrielle constante depuis 2021, le taux de chômage se stabilise à 7,4 % au troisième trimestre de 2023. Cependant, le halo du chômage reste massif, englobant près de 2 millions d’individus qui souhaitent travailler, mais ne sont pas disponibles ou n’effectuent pas de recherches actives. Alexandre Judes souligne que, « contrairement au chômage, il n’a pas baissé depuis la pandémie. »
Défi du vieillissement de la population active
La réforme des retraites d’avril 2023, repoussant l’âge légal de départ en retraite de 62 à 64 ans, influence significativement la population active. Selon les prévisions d’Alexandre Judes, cette réforme entraînera « une croissance bien plus rapide et un vieillissement accéléré de la population active. »
Avec une population active en expansion et une création d’emploi en déclin, la conjoncture s’annonce moins favorable pour les chercheurs d’emploi. Alexandre Judes analyse : « Le phénomène du vieillissement de la population active pose de nouveau la question de la formation des seniors, des discriminations sur le marché du travail, ou encore de l’adaptation des postes de travail. » Il souligne également les défis liés aux nouvelles attentes des salariés post-pandémie, notant qu’une enquête a révélé que « 78 % des sondés ont déclaré que la pandémie avait changé durablement le monde du travail, que ce soit à travers l’environnement de travail, les habitudes de travail, la perception des métiers ‘essentiels’ ou plus globalement l’importance du travail. » Ces nouvelles attentes rendent plus difficile l’appariement entre l’offre et la demande sur le marché du travail si les employeurs ne s’adaptent pas suffisamment aux nouveaux codes du monde du travail post-pandémie.

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