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500 000 emplois ont été détruits entre janvier et avril

À la fin du premier trimestre 2020, l’emploi salarié a chuté de 2 %, avec près de 500 000 emplois en moins dans le privé, selon l’Insee. Cette baisse touche principalement l’intérim, qui s’est effondré de 40 %.

Les estimations de l’Insee ne tiennent pas compte de l’ensemble de la période de confinement et de la crise du Covid-19 dans sa globalité, mais ses effets sont déjà particulièrement visibles. Ainsi, fin mars, à la fin du premier trimestre 2020, l’emploi salarié (au sens du BIT) a chuté de 2 %, soit 502 400 destructions nettes d’emplois par rapport à la fin 2019.

“L’emploi salarié retrouve son plus bas niveau depuis le quatrième trimestre 2017”, indique l’Insee dans son étude trimestrielle, réalisée avec la Dares et l’Acoss. Cette estimation est encore plus mauvaise que celle provisoire publiée le 7 mai qui avait fait état de 453 800 destructions d’emplois sur le trimestre.

La baisse concerne presque exclusivement le secteur privé, avec pas moins de 497 400 destructions nettes (soit −2,5 %), tandis que la fonction publique perd 4 900 emplois (soit −0,1 %). Sur un an, l’emploi salarié chute de 304 700 (soit − 1,2 %), baissant notamment de 317 200 dans le privé (- 1,6 %), alors qu’il augmente de 12 400 dans la fonction publique (+ 0,2 %).

 

L’emploi intérimaire enregistre “une baisse historique”

Selon l’Insee, cette destruction d’emplois s’explique principalement par un effondrement de 40,4 % de l’intérim (soit − 318 100 emplois), sous l’effet du confinement. Une “baisse historique”, indique l’Insee. Sur un an, l’emploi intérimaire baisse de 41 % (soit 326 100 destructions d’emplois). Il retrouve un niveau comparable à celui de 2009.

 

Une forte baisse dans la construction et l’industrie

Hors intérim, l’emploi salarié baisse de 0,7 % (−184 300 emplois), dans tous les secteurs, “particulièrement dans les services marchands”, souligne l’Insee.

Construction et industrie sont principalement concernés. Au premier trimestre 2020, l’emploi industriel recule de 0,4 % (−11 300 emplois) ; sa première baisse depuis le premier trimestre 2017. Elle perd 8 000 emplois salariés par rapport à son niveau un an plus tôt (soit −0,3 %).

Dans la construction, l’emploi salarié décroît également de 0,4 % (−5 600 emplois) en un trimestre. L’emploi dans ce secteur n’avait pas baissé depuis fin 2016. “Néanmoins, du fait du dynamisme des trimestres précédents, l’emploi dans la construction demeure supérieur de 24 500 à son niveau un an plus tôt (soit +1,8% en un an)”, remarque l’Insee.

Dans les services marchands, l’emploi salarié chute finalement de 3,7 %, soit 468 400 destructions nettes, en majorité dans l’intérim. Hors intérim, il se replie tout de même fortement : −1,3 % soit −150 300 emplois. “La baisse du premier trimestre 2020 annule les hausses des trois trimestres précédents, et l’emploi dans les services marchands hors intérim retrouve quasiment son niveau de l’année précédente”, explique l’étude. L’emploi salarié se replie fortement dans l’hébergement-restauration (−4,4 %, soit −50 600 emplois) et celui des « services aux ménages » (−2,8 %, soit −37 400).

 

Vers la suppression de 800 000 postes ces prochains mois ?

À noter que Bruno Le Maire a annoncé lors d’une audition mercredi 10 juin à l’Assemblée nationale, que la crise économique devrait entraîner la suppression “de 800 000 emplois, c’est-à-dire 2,8 % de l’emploi total”. Selon le ministre de l’Economie, “ce choc doit appeler des politiques publiques massives pour soutenir, accompagner tous ceux qui sont touchés.” Pour faire face à la récession, le gouvernement a prévu dans son troisième budget de crise, une enveloppe de 45 milliards d’euros (en plus des 400 milliards déjà mobilisés depuis mars) pour soutenir les secteurs, les entreprises et les salariés affectés par la crise.

Outre 18 milliards d’euros pour le tourisme et 8 milliards pour l’automobile, le gouvernement prévoit de renforcer de 5 milliards d’euros le dispositif de chômage partiel, et de débloquer 1 milliard pour élargir les aides aux entreprises qui embauchent un apprenti.

Par ailleurs, d’après les projections macroéconomiques de la Banque de France, la France devrait perdre près d’un million d’emplois en 2020. Elle pourrait atteindre un taux de chômage de 11,5 % mi-2021.

 

 

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