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“L’impact économique des 35 heures est indiscutablement mauvais”

À l’heure où un rapport parlementaire réhabilite les 35 heures, Stanislas de Bentzmann, fondateur de Devoteam et président de l’association d’entrepreneurs, Croissance Plus, publie aux éditions Eyrolles : “Les 35 heures, une loi maudite”. Un ouvrage dans lequel il formule des propositions pour justifier une remise en cause de la réduction du temps de travail.

Comment vous est venue l’idée de rédiger cet ouvrage ?
J’ai pris la décision d’écrire ce livre car il me semblait que le sujet des 35 heures est souvent mal expliqué et qu’il est surtout très politisé. Il m’a donc semblé utile d’analyser la situation du point de vue du terrain. J’ai trouvé intéressant de me baser sur les impacts tangibles des 35 heures en ayant toujours à l’esprit la phrase de Michel Sapin alors qu’il n’était pas encore ministre des Finances :“Si les 35 heures est une loi maudite, elle l’est pour tout le monde. Pour la gauche qui l’a faite comme pour la droite qui n’arrive pas à l’abroger.” Vu la situation économique de la France, il faut trouver un consensus pour s’en sortir, dresser un diagnostic commun et surtout partager les efforts.

Vous vous positionnez en faveur d’une remise en cause des 35 heures ?
Pour de nombreux dirigeants, il s’agit d’une question centrale qu’on ne peut pas fermer indéfiniment. L’impact économique des 35 heures est indiscutablement mauvais. La loi a cassé une dynamique d’augmentation plus que proportionnelle du taux de croissance du PIB par habitant en France, au regard de celui de l’Allemagne et de l’Union européenne.
Du point de vue de l’emploi, les études qui prétendent que les 35 heures ont eu un impact positif ne parlent pas de la réduction du temps de travail mais de la baisse des charges qui accompagnait cette loi. Ainsi, il apparaît clairement que ce sont les allégements des charges qui contribuent à accroître l’emploi, et non la réduction du temps de travail.

Pourtant, un rapport parlementaire paru la semaine dernière estime que la baisse du temps de travail a été “la politique d’emploi la plus efficace et la moins coûteuse depuis les années 1970”.
Les 35 heures ont plongé les entreprises dans une baisse des marges. Cette loi a eu un effet massif sur les sociétés qui ont besoin aujourd’hui de gagner en compétitivité et de reprendre des parts de marché. La France a perdu 35 % de parts de marché dans le commerce mondial entre 2000 et 2010. Passer à 38 heures de travail hebdomadaire nous permettrait de nous rapprocher de la moyenne européenne.
Si l’on veut continuer à avoir un système social qui soit protecteur, pour le financer, il faut faire un effort de productivité.

Concrètement, quelles sont vos propositions pour réaménager le temps de travail ?
L’idée est de passer de 35 à 38 heures de travail hebdomadaire en répartissant l’effort entre les trois parties prenantes. La première heure qui nous permettrait de passer de 35 à 36 heures serait rendue par les salariés. La deuxième heure serait financée par l’État à travers une baisse des charges, ce qui représenterait 15 milliards d’euros pour le privé et 5 milliards pour le public. La troisième heure serait assumée par les entreprises qui doivent raisonner en termes de besoins.
Pour les cadres, nous proposons de retirer une semaine de RTT. Sachant qu’un cadre travaille, en moyenne, 45 heures, cela ne représenterait qu’une heure par semaine et cela lui redonnerait du temps de travail. Nous proposons également de développer l’intéressement dans les entreprises.
Avec ces efforts partagés, il est possible de trouver un consensus.

Comment peut-on parvenir à un consensus ?
S’il est important de laisser les entreprises libres de modifier leur temps de travail avec des négociations internes, seule une loi pourra modifier le texte qui a imposé le passage aux 35 heures.
En tant qu’entrepreneur, je vois bien que si l’on se projette dans plusieurs années, le temps de travail va continuer de baisser. Or, à court terme, nous sommes dans une situation économique difficile, et augmenter le temps de travail est un moyen d’améliorer la situation. Mais aujourd’hui, il manque la volonté politique.

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