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Combien de chômeurs touchent plus que leur ancien salaire ?

Alors que l’Unédic a publié une note qui contredit les propos de Muriel Pénicaud, selon lesquels un chômeur sur cinq touche plus que son ancien salaire, Pôle emploi vient de dévoiler des chiffres qui confortent au contraire cette assertion.

 
Fin février, la ministre du travail, Muriel Pénicaud, avait créé une polémique en déclarant que 20 % des chômeurs « touchent une allocation supérieure à la moyenne » de leurs rémunérations mensuelles perçues antérieurement. Après un mois de controverse, l’Unédic a publié, le 27 mars, une note de 4 pages qui remet en cause cet argument. Selon ce document, qui analyse la situation des allocataires de l’assurance chômage « avant et après » le début de leur indemnisation, les demandeurs d’emploi touchant une prestation supérieure à leur salaire antérieur à leur inscription à Pôle emploi sont en majorité des personnes qui ont travaillé « moins de 25 % de l’année précédant leur ouverture de droit »… soit 4 % des chômeurs.

 

« Une façon différente d’aborder le sujet »

De son côté, « à la demande du ministère », Pôle emploi a publié, le 29 mars, une note (sur laquelle Muriel Pénicaud se serait appuyée) avec des chiffres diamétralement différents, qui confirment les dires de Muriel Pénicaud. Selon ce document, le « taux de remplacement » mensuel net (ratio entre allocation et moyenne des salaires), qui permet de calculer le montant de l’allocation-chômage, serait ainsi supérieur à 100 % pour 21 % des allocataires.

Comment un tel écart entre les chiffres de l’Unédic et ceux de Pôle emploi est-il possible ? Les deux organismes n’ont pas apporté d’éclaircissements sur ce point. Mais selon la présidente de l’Unédic, Patricia Ferrand, ils auraient simplement une « façon différente d’aborder le sujet » – la direction statistique de Pôle emploi se basant sur « l’allocation théorique » versée aux demandeurs d’emploi en l’absence de reprise de travail, et l’Unédic se focalisant sur la « trajectoire réelle » de ces derniers – « avant et après » le début de l’indemnisation chômage.

 

« Plus l’activité a été morcelée, plus le taux de remplacement est élevé »

Au-delà des différentes méthodologies utilisées, l’Unédic et Pôle emploi s’accordent toutefois sur le profil de ceux qui touchent plus en indemnité que leur salaire précédent. Selon l’Unédic, les demandeurs d’emploi concernés seraient « des cas particuliers », qui ont « travaillé moins d’un jour sur quatre au cours de l’année précédente » (avec de très petits salaires), notamment en raison de leurs études, d’une maladie ou d’un « parcours à l’étranger ». « Sur les 12 mois précédant l’ouverture de droit, ils ont gagné 220 € par mois en moyenne. Leur indemnisation nette sur les 12 mois qui ont suivi était de 290 € en moyenne par mois », note l’Unédic… qui précise que parmi eux, « 63 % ont travaillé au cours des 3 mois qui ont suivi le début de l’indemnisation », et n’ont donc pas consommé entièrement leurs droits.

Pôle emploi note de son côté que parmi les 600 000 demandeurs d’emploi concernés, 75,8 % ont un taux compris entre 100 et 147 % ; 14,4 % ont un taux compris entre 147 et 180 % ; et 9,8 % ont un taux supérieur à 180 %. « Plus la durée moyenne du droit (qui correspond à la durée totale de travail pendant la période d’affiliation) est faible, plus l’activité a été morcelée, et plus le taux de remplacement mensuel net est élevé », indique ainsi l’institution –  les règles de calcul de l’indemnité favorisant ainsi le fractionnement des contrats courts au détriment du travail en continu.

 
 

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