Destinée à vous offrir un “vrai droit à la formation”, au même titre que la santé, l’application “Mon Compte Formation”, lancée par le gouvernement ce 21 novembre et présentée comme une “révolution”, vous permettra d’accéder plus facilement à des milliers de sessions de formation. Mode d’emploi.
Ce 21 novembre, le gouvernement lance l’application mobile et le site web “Mon Compte Formation”, qui viennent notamment remplacer le site “Mon Compte Activité”, dans le cadre de la transformation du CPF. Ce nouveau service permettra désormais à tous les actifs (salariés, fonctionnaires, indépendants, demandeurs d’emploi…) de faciliter le choix et le financement de leur formation.
Pour rappel, dans le cadre de la loi pour la Liberté de choisir son avenir professionnel, le Compte personnel de formation n’est plus alimenté en heures, mais en euros, depuis le 1er janvier 2019. L’application Mon Compte Formation vient compléter le système, en vous permettant, concrètement, d’utiliser librement ces euros, sans passer par les Opca, jusqu’ici chargés de convertir les heures en monnaie, ni par votre employeur (si la formation n’a pas lieu durant le temps de travail) ou par Pôle emploi.
Une application facile d’accès
L’application Mon Compte de Formation vous permet tout d’abord de savoir de combien d’euros vous disposez pour vous former, ainsi que les détails de vos droits (historique des déclarations employeurs, temps de travail et activités passées, solde d’heures DIF). Pour y accéder, il vous suffit d’entrer votre numéro de sécurité sociale, puis de renseigner le service sur votre diplôme le plus élevé obtenu. En moyenne, la majorité des utilisateurs disposeront de 1 440 euros de droit de formation.
Vous accédez en fait à une sorte de “place de marché”, qui vous permet d’entrer directement en contact avec des centaines d’organismes, proposant 100 000 sessions (pour plus de 40 000 formations), partout en France, toutes préparant à un titre professionnel ou à un diplôme. Conçue et gérée par la Caisse des Dépôts, l’application vous propose, en fonction de votre profil, des “métiers qui recrutent” (notamment dans des secteurs en tension), de l’agent d’entretien à l’aide soignant, au chef de projet informatique. À noter que tous les organismes présents dans l’application sont vérifiés et certifiés Qualiopi, un référentiel national mis en place par le gouvernement début novembre 2019.
Une rubrique “suggestion” vous propose également d’utiliser votre CPF pour financer des dispositifs “utiles” dans l’optique d’un projet professionnel, tels qu’un bilan de compétence, une création d’entreprise, un permis de conduire (catégorie B), un permis poids lourd (catégorie C), une préparation à la VAE (validation des acquis de l’expérience), ou encore un Certificat CléA (Certificat de connaissances et de compétences professionnelles).
Une barre de recherche vous permet, en fonction de vos mots clés, d’accéder à une liste de formations triées en fonction de leur pertinence et de plusieurs critères, tels que votre géolocalisation, vos euros, le nombre maximal d’heures de formation que vous aurez délimité, les dates et les prix des sessions, ou encore le nom d’un organisme. Sous les descriptions des formations proposées, vous pouvez contacter directement l’organisme et payer directement en ligne.
Les formations sont variées : elles concernent notamment le numérique, le management, les langues, ou encore les métiers de l’artisanat.
Un service public et un nouveau “droit fondamental”
Selon le gouvernement, il s’agit d’une “petite révolution” pour les 20 millions de salariés français et les 5 millions de chômeurs qui bénéficient de droits à la formation, “parfois sans en avoir conscience”. (1)
“Cette application n’est pas juste un outil technologique, mais d’abord un nouveau service public. Il placera la France à l’avant garde de la formation professionnelle, quand un métier sur deux évoluera profondément d’ici dix ans, et que le premier marqueur du chômage reste l‘absence de compétences”, explique Antoine Foucher, directeur de cabinet de Muriel Pénicaud.
En permettant à l’utilisateur de s’inscrire directement et rapidement, “sans paperasse et sans payer”, Mon Compte Formation devrait, espère le ministère, convaincre “ceux qui jusqu’ici n’allaient pas vers la formation en considérant à juste titre que les démarches et les procédures étaient trop compliquées”.
Actuellement, seules 600 000 personnes utilisent leurs droits à la formation, sur 8,6 millions de comptes ouverts sur l’ancien site du CPF. L’objectif de Muriel Pénicaud est de doubler ce nombre, et de permettre à 1 million de personnes de se former tous les ans, dès 2020. “Le CPF, qui existait depuis 2015, était en fait virtuel, car sous-utilisé. Dès aujourd’hui, ce droit devient réel pour 25 millions de français”, affirme la ministre.
“La formation devient désormais un droit fondamental, au même titre que la santé. Un droit financé par l’État, sans autorisations à obtenir de Pôle emploi ou de l’employeur”, note Antoine Foucher. D’après le directeur de cabinet, l’application, ouvertement inspirée d’Airbnb (car elle garantit une réponse des organismes “dans les 48 heures” et permet de “comparer les prix”), intéresserait tout particulièrement “certaines entreprises” de la Silicon Valley de par son “aspect innovant”. Elle permettra aussi aux entreprises et aux fondations “d’investir”, par exemple “pour développer certaines compétences dans une région précise”.
Une “V2” et une “V3” sont d’ores et déjà prévues pour avril puis juillet 2020. Elles devraient permettre à l’utilisateur de noter les formations (et de laisser des avis, comme sur TripAdvisor), et aux entreprises (ou aux collectivités) d’apporter des abondements complémentaires.
Le gouvernement imagine même la possibilité de “plugger” à terme l’application et le site qui l’accompagne avec “La Bonne Boîte“, une plate-forme de Pôle emploi qui propose au demandeur d’emploi une liste d’entreprises susceptibles de l’embaucher. Une façon de “flécher l’ensemble du parcours de formation, tout en proposant des débouchés et un accompagnement sur mesure”, conclut Antoine Boucher.
(1) Selon une enquête de l’Observatoire des trajectoires professionnelles menée en 2019, 1 actif sur 5 ignore ce qu’est le CPF, et seuls 3,6 % ont sollicité une formation au travers de ce dispositif en 2018.