Plus de 4 salariés sur 10 se sont vu prescrire au moins un arrêt maladie en 2019, selon une enquête annuelle de Malakoff Médéric Humanis publiée ce jeudi. Toutefois, 28 % des arrêts ne sont pas respectés, et deux tiers des salariés disent avoir déjà travaillé en étant malade, renforçant le phénomène de “présentéisme maladie”.
“Dans un contexte d’augmentation des coûts liés aux arrêts maladie et d’allongement de la durée de vie professionnelle, notre étude permet d’observer un renoncement aux soins et un fort taux de présentéisme maladie”, indique Malakoff Médéric Humanis (MMH), qui vient de présenter les résultats de son étude sur l’absentéisme en 2019.
44 % d’arrêts
Selon cette étude quantitative, menée auprès de 2 000 salariés (du secteur privé) et de 400 dirigeants d’entreprises ou DRH, 44 % des travailleurs se sont vu prescrire au moins un arrêt maladie en 2019, “un chiffre stable mais toujours élevé” (1). Parmi eux, 37 % ont été arrêtés 2 fois ou plus.
Par ailleurs, 36 % des salariés arrêtés au cours des 12 derniers mois l’ont également été l’année précédente. “Cette tendance est plus marquée chez les salariés aidants, les salariés ayant des enfants à charge, les salariés d’Île-de-France, et les salariés s’étant vu prescrire un arrêt longue durée. Enfin, le fait d’avoir au moins trois arrêts une même année multiplie par 5 la probabilité d’être absent l’année suivante”, constate MMH.
En outre, les arrêts courts (1 à 3 jours) sont plus nombreux que les arrêts longs (plus de 30 jours) : ils représentent 30 % de l’ensemble des arrêts maladie contre 9 % pour les arrêts longs. Les arrêts moyens (4 à 30 jours) représentent 61 % de l’ensemble. “Les arrêts courts sont également ceux dont l’impact en matière de désorganisation au sein de l’entreprise est le plus fort”, remarque l’étude.
TMS et burn-out à l’origine de la moitié des arrêts moyens / longs
Fait notable : si la maladie “ordinaire” demeure le premier motif d’absentéisme pour raison de santé (36 %, dont 61 % des arrêts courts), les TMS (troubles musculo-squelettiques) ainsi que l’épuisement professionnel et les troubles psychosociaux sont responsables de 43 % des arrêts (respectivement 25 % et 18 %), notamment 48 % des arrêts moyens et longs. À noter qu’en juin 2019, une autre étude de Malakoff Médéric Humanis révélait que 54 % des salariés avaient le sentiment d’être épuisés par leur travail ; une hausse de 4 points par rapport à 2018.
D’une manière générale, d’après les salariés, 13 % des arrêts maladie en 2019 étaient liés à un contexte “exclusivement professionnel”, et 19 % étaient liés aux deux.
“Présentéisme maladie” et arrêts non suivis
Selon l’étude de MMH, les prescriptions sont de moins en moins respectées. Ainsi, 28 % des arrêts maladies prescrits en 2019 n’ont pas été pris, ou l’ont été “partiellement” (+ 5 points vs 2018 et + 9 points vs 2016). Dans le détail, les arrêts de 4 à 10 jours sont ceux qui sont le moins pris (47 %), tandis que ceux compris entre 6 et 15 jours ceux qui sont le plus pris partiellement (34 %).
11 % des arrêts ont été pris, mais pas en totalité, et 17 % n’ont pas été pris du tout (26 % dans le secteur du commerce et 22 % pour les managers). Pour expliquer ce renoncement aux arrêts maladies, les salariés évoquent en premier lieu “qu’il n’est pas dans leurs habitudes de se laisser aller” (39 %), et le fait que les journées non travaillées ne sont pas prises en charge (37 %).
“Défini comme le comportement d’un individu qui travaille alors qu’il devrait être arrêté en raison de son état de santé physique ou mentale, le présentéisme maladie est un phénomène non négligeable”, ajoute Malakoff Médéric Humanis. En effet, 65 % des salariés déclarent avoir déjà travaillé alors qu’ils étaient malades, une tendance plus marquée chez les salariés ayant des responsabilités d’encadrement (72 %), ou lorsque le salaire n’est pas maintenu pendant les trois premiers jours d’arrêt (69 %).
Selon l’étude, le renoncement à l’arrêt maladie oscille “entre conscience professionnelle et considération financière”. Ainsi, les salariés sont nombreux à expliquer ne pas avoir respecté leur arrêt maladie car il était pour eux “impossible de déléguer” leurs tâches (22 %), car ils avaient peur d’être “surchargés de travail au retour” (21 %), mais aussi parce que les journées non travaillées ne sont pas prises en charge (37 %). En outre, certains avaient peur que leur absence soit “mal perçue” par leurs collègues (12 %), voire de perdre leur emploi (15 %).
À noter que selon l’étude, près de la moitié des salariés (47 %) n’ayant pas respecté leur arrêt de travail disent “le regretter a posteriori” ; un chiffre en hausse de 8 points par rapport à 2016. Par ailleurs, 63 % d’entre eux seraient “favorables à bénéficier du télétravail au lieu d’avoir un arrêt maladie si leur médecin le jugeait approprié, un point de vue partagé par 80 % des dirigeants”.
Enfin, statistique à considérer avec des pincettes ; 63 % des salariés se déclarent favorables au “télétravail thérapeutique”. Autrement dit, les deux tiers des travailleurs du privé sont prêts à travailler à distance, plutôt que d’avoir un arrêt maladie, “si le médecin juge cela approprié”. Fait peu surprenant, 80 % des dirigeants approuvent cette idée.
Les salariés les plus concernés, par secteur
Selon l’enquête de MMH, les arrêts maladies sont davantage fréquents dans certains secteurs : l’hôtellerie-restauration, où 25 % des salariés ont eu plus de 3 arrêts au cours des 12 derniers mois, et les transports, l’énergie et les télécommunications, où 50 % des salariés sont concernés.
Viennent ensuite les secteurs du BTP et de la construction (48% des salariés concernés), de la santé (46%), du commerce (45%), des services et de l’industrie (42% chacun).
(1) En 2018, ce taux s’établissait à 42 %, contre 36 % en 2017.