Pôle emploi a enregistré une “hausse historique” du nombre de chômeurs sur un mois. Au mois de mars, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A a augmenté de 246 100, soit + 7,1 %.
Face au Covid-19, l’économie française est fortement ralentie depuis plus d’un mois. 10,2 millions de salariés sont au chômage partiel, et de nombreuses entreprises sont à l’arrêt et gèlent leurs embauches. Résultat, le nombre de chômeurs en catégorie A (sans aucune activité) a enregistré une hausse historique sur un mois en mars, pour s’établir à 3,732 millions, selon les derniers chiffres trimestriels de Pôle emploi, publiés lundi 27 avril.
La hausse du nombre de chômeurs de catégorie A en mars est de +7,1 %, avec 246 100 personnes inscrites à Pôle emploi de plus. Un record, selon le ministère du Travail et la Dares, qui ont publié en parallèle une “note sur les évolutions intervenues sur le seul mois de mars”. En effet, une telle proportion de demandeurs d’emploi inscrits en catégorie A remonte à septembre 2017.
“Il s’agit de la hausse mensuelle la plus forte observée depuis janvier 1996, date à laquelle débute le suivi statistique actuel des demandeurs d’emploi”, explique la Dares. Au total, le nombre de demandeurs d’emploi des catégories A, B et C, c’est-à-dire incluant les demandeurs d’emploi qui travaillent en même temps, augmente de 177 500 personnes (soit +3,1 %), “la seconde plus forte hausse remontant à avril 2009 (+86 300)”, précisent les statisticiens du ministère du Travail.
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Une hausse “historique”
L’accroissement des effectifs inscrits en catégories A, B, C en mars “provient à la fois d’une nette augmentation des entrées à Pôle emploi (+5,5 %) et d’une très forte baisse des sorties (-29,0 %)“, souligne la Dares. “Les entrées pour fins de mission d’intérim et fins de contrats courts sont en hausse, la mise en place du confinement ayant conduit à des non-renouvellements ainsi qu’à de moindres nouvelles embauches de courte durée”, explique-t-elle encore. “La plupart des motifs de sorties se replient, notamment les défauts d’actualisation, qui recouvrent généralement pour partie des reprises d’emploi non déclarées à Pôle emploi, mais aussi les reprises d’emploi déclarées, les entrées en stage ou en formation, ainsi que les radiations administratives”, précise Pôle Emploi.
« Cette hausse, historique, s’explique par le fait que les personnes qui étaient au chômage en février le sont toujours en mars : chaque mois, ce sont environ 550 000 personnes qui entrent et 550 000 personnes qui sortent de Pôle emploi. Or, en raison de la crise sanitaire et du confinement, on constate une forte baisse des sorties de Pôle emploi ce mois-ci (-29 % soit près de 170.000 personnes). Le chômage augmente donc parce que les entreprises, dans le contexte actuel, n’embauchent plus, mais pas parce qu’elles licencient massivement”, explique de son côté le ministère du Travail.
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Vers un plan de relance
“Cette crise est inédite et notre mobilisation est totale. Nous agissons depuis le début de la crise pour éviter les licenciements massifs par le dispositif du chômage partiel et pour accompagner les plus vulnérables. Nous avons pris des mesures d’urgence pour adapter les règles de l’assurance chômage afin de lutter contre la précarité. Nous les maintiendrons pour le mois de mai”, indique Muriel Pénicaud, ministre du Travail.
Ainsi, le gouvernement explique avoir l’intention de “poursuivre et intensifier les efforts de protection” amorcés avec la généralisation du chômage partiel. D’abord, en continuant à protéger ceux qui arrivent en fin de droits, c’est-à-dire qui ne devraient plus, normalement, recevoir d’allocations. “La prolongation des droits pour les personnes en fin de droits sera également effective pour le mois de mai. Cela concerne plusieurs centaines milliers de personnes, dont les intermittents du spectacle par exemple”, indique le ministère du Travail. Ensuite, en engageant une réflexion avec les partenaires sociaux “pour adapter rapidement nos règles d’assurance chômage à cette situation exceptionnelle.” Enfin, en lançant à terme un “plan de relance pour favoriser le rebond de l’économie, protéger les emplois, et aider les entreprises à repartir, et donc à embaucher à nouveau”.
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Des données volatiles, mais utiles pour appréhender ”l’ampleur du choc en cours”
Pôle emploi précise dans sa publication que son nombre de demandeurs d’emplois inscrits a été affecté par la crise du Covid-19, mais que sur les 91 jours du trimestre, seuls 15 ont eu lieu en période de confinement. “C’est la raison pour laquelle, afin d’éclairer la situation sur le marché du travail durant la crise sanitaire, la Dares et Pôle emploi apportent en complément des précisions sur les évolutions intervenues sur le seul mois de mars”, écrit l’organisme.
“Les évolutions d’un mois sur l’autre du nombre de demandeurs d’emploi sont souvent très volatiles et parfois difficiles à interpréter. C’est la raison pour laquelle il est généralement préférable de regarder plutôt les évolutions trimestrielles. Néanmoins, compte tenu du caractère inhabituel de la situation actuelle, les données mensuelles permettent de fournir des indications sur l’ampleur du choc en cours”, conclut la Dares.