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Covid-19 : que deviendra le chômage partiel le 1er juin ?

Alors que le déconfinement débute, et avec lui le retour au travail, beaucoup d’entreprises devront malgré tout prolonger les mesures d’activité partielle. Mais qu’adviendra-t-il à terme de ce dispositif ? À partir du 1er juin, sa prise en charge par l’État devrait en effet être réduite.

Selon les derniers chiffres du ministère du Travail, le chômage partiel a été sollicité par 1,2 million d’entreprises (1). Il s’applique à 998 000 d’entre elles, pour 12,4 millions de salariés. Mais depuis plusieurs semaines, le gouvernement répète que ce dispositif, mis en place pour soutenir les sociétés et éviter des licenciements pendant le confinement, devrait être “progressivement adapté” à la reprise d’activité des entreprises.

Muriel Pénicaud défend ainsi la réduction de la prise en charge du chômage partiel en expliquant que l’État n’a “pas vocation à continuer de payer l’intégralité des salaires » du secteur privé, étant donné que “les conditions de la reprise sont là”.

Rappelons que cet “aménagement” du dispositif ne concernera pas les secteurs qui ne seront toujours pas autorisés à reprendre leur activité, pour raisons sanitaires. Le 12 mai, la ministre a ainsi expliqué, sur BFM TV, qu’il n’était “pas question de couper brutalement l’activité partielle le 1er juin. Puisque tout n’aura pas encore repris”.

 

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Des pertes économiques importantes

Dans Les Échos, Philippe Martin, président délégué du Conseil d’analyse économique (CAE), ancien conseiller d’Emmanuel Macron à Bercy, estime “crucial de réviser rapidement à la baisse” les conditions du chômage partiel, en baissant le taux de financement par l’État à 90 % pour “encourager le retour au travail”. Il prône aussi un “abaissement de la limite pour les salariés concernés à 3,5 Smic”, afin de limiter les risques de fraude.

La crise économique qui touche la France est-elle aggravée par le chômage partiel ? “Le décrochage du PIB français est très important. Il est trop tôt pour dire s’il y a un lien causal avec le chômage partiel. Ce dispositif était indispensable au début de la crise. Mais il ne peut rester aussi généreux de manière permanente”, indique l’économiste.

 

Des pertes de revenus considérables pour les salariés

Le durcissement à venir des conditions d’éligibilité au chômage partiel pourrait toutefois aggraver des pertes de revenu déjà importantes pour les 12 millions de salariés jusque là couverts par ce système.

Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), suite au confinement, ils devraient en effet “perdre au minimum” 2,7 milliards d’euros de revenus, soit 410 euros en moyenne pour 8 semaines de chômage partiel contraint. De son côté, le cabinet Xerfi estime que la perte pour les salariés pourrait s’élever à 600 euros, sur l’ensemble de l’année.

En parallèle, la reprise économique, qui s’annonce incertaine, ne devrait pas inciter l’ensemble des employeurs à reprendre rapidement une activité “normale” dans les prochaines semaines. Ainsi, selon la Dares, l’activité économique française était, au 7 mai 2020, en baisse de 33 % par rapport à une situation normale. “S’il était suivi d’un retour immédiat à la normale, un tel décrochement se traduirait par une perte de 6 points de croissance annuelle du PIB”, analyse l’organisme.

 

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“Un retrait trop précipité pourrait attiser la montée du chômage”

“Si le dispositif est coûteux pour les finances publiques (2) et peut générer des effets d’aubaine, un retrait trop précipité pourrait attiser la montée du chômage dans certains secteurs non concernés directement par les fermetures prolongées, mais dont l’activité resterait pénalisée indirectement par ces fermetures”, alerte Bruno Ducoudré, économiste à l’OFCE.

Il explique ainsi que “les entreprises ayant encaissé une lourde perte pendant le confinement pourraient prendre d’autant plus rapidement le chemin des réductions d’effectifs pour limiter leurs pertes, ce qui irait à l’encontre de l’objectif recherché”.

 

(1) Au 5 mai 2020, trois secteurs concentrent 50 % des demandes d’activité partielle : les “activités de services spécialisés, scientifiques, administratifs et de soutien”, le commerce et la construction.

(2) Selon l’OFCE, l’impact sur les finances publiques pour 8 semaines de confinement est estimé à 40,1 milliards d’euros.

 

 

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