Face aux effets de l’inflation, la fragilité des entrepreneurs est bien réelle. Mais l’entrepreneuriat continue de séduire et de convaincre, notamment vis-à-vis du salariat. Un constat établi par l’enquête nationale du Réseau Initiative France : « Entreprendre, bien plus que créer une entreprise ! », publiée en mars 2024.
En premier lieu, il apparaît que les porteurs de projet conservent « un état d’esprit globalement positif » à 72 %. Bien que 43 % d’entre eux ont considéré l’année 2023 comme plus difficile que prévue, 48 % l’ayant jugée ni plus difficile, ni moins difficile. De fait, à la question des facteurs affectant le plus l’activité, les entrepreneurs citent la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs (49 %), la hausse du coût des matières premières (39 %) et le renchérissement des coûts de l’énergie (34 %). Les professionnels sont « pris en tenaille entre l’inflation et le souci d’attirer de nouveaux clients », constate Initiative France. Dans ce contexte, la difficile question de la répercussion de l’inflation sur les prix des produits et services a divisé les personnes interrogées : 12 % l’ont répercutée totalement, 51 % partiellement et 36 % pas du tout. Des choix entraînant des conséquences directes : une baisse de la marge pour 39 % des patrons, du chiffre d’affaires (25 %) et de la rémunération (18 %).
L’entrepreneuriat toujours attractif
Malgré les difficultés conjoncturelles, la décision d’entreprendre reste plus que jamais motivée par le désir d’indépendance (59 %), le goût du challenge (51 %) et la recherche de sens (33 %). Et seul 1 % des répondants déclarent s’être lancés par contrainte. Dans la pratique, 67 % apprécient avant tout l’animation des bonnes relations avec leurs clients, tandis que 64 % aiment être leur propre patron et que 34 % apprécient le fait d’innover et de réinventer chaque jour. Au global, 91 % des répondants se disent « heureux » (30 % tout à fait heureux et 61 % plutôt heureux). Aussi, l’entrepreneuriat rime avec un équilibre de vie plus maîtrisé : 67 % disent avoir un bon équilibre, tandis que 33 % n’en sont pas satisfaits.
Un bémol : la rémunération demeure le point faible de l’expérience entrepreneuriale. 61 % des entrepreneurs apparaissent insatisfaits en la matière (39 % sont satisfaits). Chez les femmes, qui se rémunèrent le plus souvent moins bien que les hommes, seules 32 % se disent satisfaites. Pour autant, 81 % des répondants retenteraient l’expérience si c’était à refaire, tandis que 5 % ne s’y réessayeraient pas.
Une voie de reconversion
La création ou la reprise d’une entreprise s’avère également une option de plus en plus privilégiée par les personnes en pleine transition professionnelle. Aujourd’hui, 35 % des entrepreneurs sont en reconversion, contre 30 % il y a deux ans. Une donnée qui grimpe à 44 % pour les plus de 45 ans et à 41 % chez les femmes.
Autre tendance : les entrepreneurs affirment des convictions toujours plus fortes quant à leur sensibilité vis-à-vis des transitions, écologique et sociale. 69 % des entrepreneurs soutenus par Initiative France en 2023 ont considéré l’impact de leur entreprise au moment de structurer leur projet, contre 54 % l’année précédente, et jusqu’à 74 % chez les moins de 30 ans. Et ce, pour aligner leur activité avec leurs convictions (54 %), gagner de nouveaux clients (15 %) et améliorer leur réputation (8 %). Plus de la moitié (51 %) déclarent même avoir souvent fait des choix peu rentables, mais conformes à leurs convictions. Pour mener ces initiatives, la mesure d’impact s’impose, 47 % l’ont déjà mise en place ou comptent le faire prochainement.
Reste que, pour 2024, l’incertitude domine. Un tiers des entrepreneurs imagine une année plus positive que 2023, 24 % s’attendent à un exercice dégradé et 40 % ne se prononcent pas.
* L’enquête a été menée auprès de 2 069 entrepreneurs soutenus par Initiative France entre le 23 novembre et le 20 décembre 2023.