Souvent méconnu et victime de nombreux stéréotypes, le métier de surveillant pénitentiaire recrute et offre des perspectives de carrière. Rencontre avec David Gallay, surveillant et formateur au centre pénitentiaire de Fresnes (94).
En quoi consiste le métier de surveillant pénitentiaire ?
En général nous travaillons quatre jours, puis avons deux jours de repos, et ainsi de suite. Il y a des postes très variés au sein de ce même métier, contrairement à ce que l’on s’imagine. Il ne s’agit pas d’ouvrir et de fermer des portes à longueur de journée. Nous sommes tous formés au tir, aux techniques d’intervention et à la sécurité pour être opérationnels à tous les postes. De fait, nous avons beaucoup de casquettes auprès des détenus : assistante sociale, pompier, facteur, CRS… le panel est très large. Cela nécessite d’être très à l’écoute, de faire preuve d’empathie, mais pas trop, il faut savoir fixer des limites.
Quelles sont vos missions ?
Au départ, on commence tous par la surveillance des détenus, c’est une étape obligatoire et indispensable. Puis, il y a les escortes judiciaires et médicales, l’Iris (groupement d’intervention pénitentiaire) et on peut également faire du secrétariat, de la cuisine… En gravissant les échelons, vous pouvez devenir directeur d’établissement par la suite. Et l’administration vous encourage en ce sens car beaucoup de formations sont à notre disposition. Mais nous souffrons d’une fausse image à cause des séries américaines telles que Prison Break. Beaucoup pensent que c’est un métier inhumain. Or, nous ne sommes même pas armés, sauf si nous sommes en poste au mirador ou pour des missions d’escortes. Et cela pour éviter que le détenu se saisisse de l’arme et la retourne contre nous. Il y a encore une grande méconnaissance de cette profession car nous n’avons pas de vitrine.
Comment devient-on surveillant pénitentiaire ?
Il faut passer un concours. Cela nécessite au minimum être titulaire d’un BEPC, avoir entre 19 et 45 ans, un casier judiciaire vierge et être de nationalité française. Il est possible de s’inscrire directement sur Internet*. Le candidat reçoit ensuite une convocation pour une épreuve écrite qui s’articule autour d’un QCM de logique et de culture générale, puis de la rédaction d’un texte par rapport à une situation concrète, afin de voir comment la personne s’exprime car nous écrivons beaucoup dans ce métier. Si cette étape est concluante, des épreuves physiques puis un entretien avec un psychologue et un jury d’admission attendent le candidat. Ensuite, huit mois de scolarité rémunérés en alternance se déroulent à Agen (47), quelle que soit la région d’origine du candidat. En fonction de leur classement final, ils choisiront leur région d’affectation, à savoir que les plus gros volumes de recrutement concernent l’Île-de-France.
Quelles sont les fausses images qui reviennent le plus souvent sur le milieu carcéral ?
Dans les séries, les détenus mangent dans des réfectoires. Dans la réalité, ils prennent leur repas en cellule où un auxiliaire d’étages leur distribue un plateau. Nous ne pourrions pas tous les réunir dans un seul et même endroit et les surveiller correctement. De plus, ils n’ont pas d’uniforme, l’administration pénitentiaire a beaucoup changé ! D’ailleurs beaucoup d’établissements sont assez récents ou ont été rénovés, d’autres vont ouvrir. À Fresnes, personne ne dort par terre contrairement à ce peuvent croire les gens. Nous sommes même labellisés depuis 2008, ce qui garantit à l’arrivée du détenu une douche, un kit de couchage propre, un repas chaud ainsi que la possibilité de voir un médecin et/ ou un psychologue. Lorsqu’ils arrivent après 36 heures de garde-à-vue, ils rêvent d’une douche, ce que nous leur proposons en premier. Beaucoup pensent que nous ne sommes pas humains, moi je trouve que c’est le contraire.
*http://experience.devenirsurveillant.fr
Plus de 15 000 candidats inscrits aux épreuves écrites :
L’administration pénitentiaire rapporte que plus de 15 000 candidats étaient attendus le mercredi 8 avril 2015 pour les épreuves écrites du concours de surveillant de l’administration pénitentiaire qui se déroulaient dans les 57 centres d’examens (Douai, Villepinte, Marseille…) répartis sur les 9 directions interrégionales.
Les résultats d’admissibilité seront disponibles le 5 juin et permettent l’accès aux épreuves sportives, psychotechniques et orales à partir du 15 juin. L’intégration des élèves admis se fera fin septembre 2015 à l’école nationale d’administration pénitentiaire (Enap) à Agen.
Cette session permettra le recrutement de plus de 1 400 postes.