Au long de votre parcours professionnel, il peut vous arriver de rencontrer des périodes difficiles liées à une dépression, à un burn-out ou bien à une maladie, vous éloignant un temps du monde du travail. Pour se remettre en selle et mieux appréhender son retour à l’emploi, il existe quelques astuces, comme être bien accompagné.
Maladie, dépression, décès d’un proche, divorce ou encore burn-out… Durant votre carrière professionnelle, de nombreuses raisons peuvent vous éloigner du monde du travail. Des moments de fragilité qui sont loin d’être insurmontables selon les professionnels. “La clé reste d’être bien accompagné tout au long de son processus de guérison, notamment par des thérapeutes, souligne Sophie Bataille, sociologue du travail. Si la personne reste isolée chez elle, cela n’ira pas.” Dans bien des cas, retourner dans un environnement professionnel peut être salvateur pour vous, votre moral mais aussi votre guérison. “Quand on souffre de burn out, le retour à l’emploi fait partie intégrante du processus guérison, indique Catherine Vasey, psychologue et experte du burn out. Si l’individu ne peut pas, au long terme, retourner dans un milieu professionnel, il manque une étape essentielle.”
Ne pas précipiter les choses
Et quelle que soit la raison de votre interruption d’activité, la meilleure façon de réussir son retour à l’emploi reste de s’y sentir prêt. Outre votre état de santé physique et psychique, la reprise dépendra de beaucoup de choses comme votre vécu de la maladie mais aussi la charge de travail relative à votre poste. “C’est avant tout une question individuelle et personnelle, estime Sophie Bataille. La première étape est donc de s’assurer que physiquement tout est bon pour retourner travailler. C’est tout bête mais c’est essentiel. Et pour cela, il n’y a qu’un médecin qui peut vous donner le feu vert.” “Il ne faut pas surestimer ses capacités, ajoute Aline Bailly, responsable de la maison des patients et des proches de l’Institut Curie. Certaines personnes voient le travail comme un épanouissement, une valorisation personnelle et professionnelle et donc dans ce cadre la reprise interviendra plus rapidement. Pour d’autres, il y aura ce besoin de mettre l’emploi à distance pour se reconstruire. Il est donc primordial de savoir faire la balance entre le désir de ce lien professionnel et la fragilité physique et psychologique dans laquelle on se trouve.” Pour ne pas retourner dans votre entreprise trop brutalement, vous pouvez également opter pour un mi-temps thérapeutique, cela vous permettra de ne pas rester éloigné trop longtemps du monde du travail. “C’est une façon de revenir en douceur, conseille Catherine Vasey. Autre solution, pour les personnes qui ont perdu leur emploi et qui souffrent notamment de burn-out, c’est d’avoir un travail temporaire qui les engage moins que leur ancien poste. Cela leur permet de se réhabituer au monde de l’entreprise tout en s’impliquant moins émotionnellement.”
Anticiper la reprise d’emploi
Mais retourner dans un milieu professionnel s’anticipe. Que vous soyez en arrêt maladie pour une dépression, un burn-out ou une maladie, nécessitant des traitements médicaux plus ou moins lourds, l’une des premières choses que vous devez faire c’est de jauger la durée de votre arrêt de travail. “Pour certaines pathologies nécessitant des soins, comme un cancer, c’est très compliqué de déterminer la longueur de cet arrêt maladie, précise Aline Bailly. Mais rien que d’y penser, de se poser la question c’est important.” Même constat pour Sophie Bataille qui assure que “rester trop longtemps éloigné de l’emploi cristallise davantage les problèmes, les angoisses.” Ainsi, dès que possible, il ne faut pas hésiter à vous remettre dans une certaine dynamique, notamment concernant vos facultés intellectuelles. “Pour les personnes en burn-out, les hormones de stress ont un impact direct sur la concentration et la mémoire, assure Catherine Vasey. Donc il y a une rééducation mentale à effectuer avant de retourner travailler. Cela peut prendre différentes formes (cours d’anglais, de solfège, mots croisés…) Le mieux est d’être au plus proche de ses projets personnels et de ses passions pour que cela fonctionne sur la durée.” Autre aspect à ne pas négliger : son équilibre de vie. Pour que votre retour à l’emploi soit efficace, il faut bien penser à équilibrer votre vie professionnelle et privée. Cela passe par exemple par la pratique du sport, des sorties entre amis et une alimentation saine. “Oxygéner son cerveau est primordial. Il ne faut pas rester à 100 % concentré et connecté sur le travail, que ce soit avant ou après la reprise”, conseille Sophie Bataille.
Accepter l’angoisse liée au travail
Après une longue période d’inactivité, reprendre votre emploi ou une recherche active d’emploi peut être source de stress. “Les premiers conseils que l’on donne c’est de ne pas considérer la reprise comme un retour de congés mais comme une nouvelle expérience à vivre”, explique Aline Bailly. Surtout, vous devez garder à l’esprit que durant votre absence, votre entreprise, vos collègues mais aussi votre secteur d’activité peuvent avoir évolué. “Les choses ne seront donc pas les mêmes qu’avant votre départ. Ainsi, que l’on soit en poste ou non, il ne faut pas se mettre en veilleuse pendant son arrêt maladie mais essayer de garder un lien professionnel le plus fréquent possible. Que ce soit avec son employeur ou la structure qui vous accompagne dans votre recherche d’emploi”, détaille Aline Bailly. De telle manière, vous diminuerez le stress lors de votre reprise, même si l’angoisse n’est pas forcément négative après une interruption d’activité. “La peur de reprendre un emploi n’est pas une mauvaise chose si ce n’est pas handicapant, souligne Catherine Vasey. Il faut accepter d’être angoissé et comprendre que cela fait partie du processus.”
S’écouter pour ne pas rechuter
Avant de retourner en poste, il est également nécessaire de faire un point sur sa situation : “qu’est ce que je vais devoir changer dans ma façon de travailler mais aussi dans ma charge de travail”, sont par exemple, des questions essentielles à vous poser pour ne pas rechuter. Cela vous permettront par ailleurs de mieux appréhender les questions de vos collègues mais aussi de vos futurs employeurs dans le cadre d’entretiens de recrutement. “Des trous dans un CV cela existe. Les recruteurs ont conscience que les parcours de vie sont différents et qu’il peut y avoir des accidents de parcours. L’individu doit être simplement en capacité d’en parler sans s’effondrer, estime Sophie Bataille. Si ce n’est pas le cas, c’est que la personne n’est pas prête à reprendre le travail. Devant un employeur potentiel, il faut simplement justifier tous ses choix et les raisons doivent être uniquement professionnelles.” Pour Aline Bailly, vous êtes libres d’évoquer ou non cette période de creux. “C’est une décision personnelle. Mais cette période de fragilité doit être en cohérence dans votre parcours. Cela est plus opportun d’en parler dans le cadre d’une reconversion, notamment”, explique-t-elle. Quoi qu’il en soit, une fois le travail repris, il faut rester vigilant. “Après une période de fragilité, s’avoir s’écouter est primordial, assure Sophie Bataille. Si votre corps ne suit plus, peut être que votre travail est devenu trop pénible et qu’il faut envisager de changer de poste.”