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Chômage : le Sénat estime que les chiffres de Pôle emploi ne sont pas fiables

La commission d’enquête “sur les chiffres du chômage en France et dans les pays de l’Union européenne, ainsi que sur l’impact des réformes mises en place par ces pays pour faire baisser le chômage” présentait ses conclusions aujourd’hui au Sénat.

Fin avril 2016 était créée la commission d’enquête sur les chiffres du chômage en France et dans les pays de l’Union Européenne, ainsi que sur l’impact des réformes mises en place par ces pays pour faire baisser le chômage. Composée de 21 sénateurs de tous bords, elle a entendu 32 acteurs (anciens ministres du travail, administrations et instances chargées de l’élaboration des statistiques, de leur publication et leur contrôle, associations de chômeurs, économistes…) et présentait ses conclusions ce 11 octobre. Pour eux, les chiffres du chômage manquent de transparence en France.

 

Insee versus Pôle emploi

Le rapport souligne qu’en France, au même titre que dans d’autres pays de l’UE, les chiffres de Pôle emploi et du Bureau international du Travail (BIT) établis par l’Insee, cohabitent, avec des méthodologies qui diffèrent. C’est pourquoi Philippe Dallier, rapporteur du bureau de la commission d’enquête et sénateur de Seine-Saint-Denis (LR), explique : “Nous proposons d’enrichir les chiffres de Pôle emploi et de produire ceux du BIT chaque mois afin de les mettre en parallèle, pour davantage de transparence.” Car selon le rapport d’enquête “les soupçons de manipulations des chiffres publiés par Pôle emploi ne sont pas justifiés, même si la survenance d’incidents a altéré leur crédibilité. Toutefois, ils ne sont pas, à eux seuls, un indicateur fiable et pertinent du chômage”.

 

Différences

Le rapport d’enquête pointe ainsi un certain nombre de choses à relever dans les inscriptions à Pôle emploi. Parmi elles, la catégorie C, qui recense les demandeurs d’emploi ayant exercé une activité réduite de plus de 78 heures dans le mois et qui représente plus de 467 000 personnes. Également une proportion non négligeable des moins de 25 ans et des bénéficiaires du RSA non inscrits à Pôle emploi, ou encore la suppression de la dispense de recherche d’emploi pour les inscrits de plus de 58 ans.

 

Des solutions difficiles à mettre en place

Fort de ce constat les sénateurs souhaitent ainsi que soient publiés chaque mois:
– une présentation du nombre de chômeurs au sens du BIT ;
– l’évolution du “halo autour du chômage”, du sous-emploi et de la précarité ;
– une analyse de l’évolution des demandeurs d’emploi inscrits dans les catégories A, B et C ;
– une analyse approfondie de la catégorie C présentant le nombre de CDD, de CDI, de contrats à temps partiels et de contrats à temps plein ;
– une analyse des mouvements entre catégories ;
– une analyse de l’impact de certaines mesures telles que la suppression de la dispense de recherche d’emploi ou la mise en oeuvre des plans de formation ;
– une analyse des parcours des demandeurs d’emploi (en particulier du devenir des demandeurs d’emploi inscrits en catégorie D, 6 mois après leur sortie de formation).
Philippe Dallier estime que “la proposition par rapport à la communication des chiffres va dans le bon sens, quelle que soit sa famille politique”. Toutefois, il reconnaît que “la mécanique est lourde et a du mal à être réformée. Pour l’instant il est impossible de changer la méthodologie, en fin de mandat (les gens pourraient penser que l’État leur cache quelque chose, ndlr), peut-être que l’on peut imaginer mettre ces propositions en place au deuxième semestre 2017.”

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