Avec un taux de chômage de 9,1 % au troisième trimestre 2018 (contre 9,6 % sur la même période en 2017), l’inversion de la courbe du chômage est-elle en marche ? Tous les profils sont-ils concernés ? Les réponses de deux experts, de l’INSEE et du Céreq, à l’occasion de notre conférence organisée au Salon du travail.
Lors de notre conférence sur le visage de l’emploi en 2019 organisée à l’occasion du 5e Salon du Travail et de la Mobilité, le 17 janvier 2019, Vladimir Passeron, chef du département de l’emploi et des revenus d’activité à l’Insee, est revenu sur les résultats de l’Enquête Emploi de l’institution.
Selon lui, la baisse du taux de chômage, depuis fin 2015, « concerne tout le monde, de façon homogène : autant les jeunes, qui subissent plus que les autres les problèmes d’insertion sur le marché du travail, que les seniors ; autant les cadres (avec 3% de taux de chômage) que les ouvriers (pour qui la situation s’améliore pour la première fois depuis longtemps) ». Néanmoins, l’expert du marché de l’emploi observe que le taux de chômage continue d’augmenter pour ceux qui ont moins de 4 ans d’expérience professionnelle : « pour eux, la situation se dégrade ».
Olivier Joseph, chargé d’études au département Entrées et évolutions dans la vie active (Deeva) au Céreq, livre de son côté les résultats d’une enquête sur l’emploi des jeunes réalisée en 2016 : selon cette enquête, trois ans après la fin de leur formation, 25 % des 18-30 ans sont en recherche d’emploi, et la même proportion ont connu au moins une année de chômage. En outre, 80 % d’entre eux accèdent au marché de l’emploi via un CDD ou un contrat en interim.
« L’insertion n’est jamais garantie, même avec des diplômes »
Quel est l’impact du diplôme dans l’insertion sur le marché du travail ? Pour les non diplômés, la trajectoire professionnelle « est très délicate. Les jeunes sorti sans diplôme sont seulement un tiers à avoir un parcours d’emploi permanent », constate Olivier Joseph. Pour ceux n’ayant que le Bac, le taux est de 50%, et pour ceux qui ont suivi des études supérieures, il grimpe à 80 %. « Mais l’insertion n’est jamais garantie, même avec des diplômes », ajoute le chercheur du Céreq.
Car s’insérer dans le marché du travail sans expérience professionnelle demeure presque mission impossible. « Et même si les stages restent essentiels, force est de constater qu’ils ont moins de poids aujourd’hui que les contrats d’apprentissage et de professionnalisation, ainsi que les filières professionnelles », indique Olivier Joseph.
Selon lui, l’apprentissage est ainsi « la voie royale », notamment dans les secteurs de la santé et de l’industrie, « car cela permet une intégration dans l’entreprise, qui constitue un véritable atout pour le jeune. Il échange déjà avec l’employeur, son tuteur, et tire ensuite bénéfice de son réseau, ce qui lui permet de s’insérer bien plus vite que les autres ».
Enfin, Olivier Joseph et Vladimir Passeron remarquent une situation paradoxale : malgré des difficultés fortes pour s’insérer, trois jeunes sur quatre sont satisfaits de leur situation quand ils intègrent le marché du travail, et 80 % d’entre eux sont « optimistes » quant à leur avenir professionnel. « Peut-être se sont-ils adaptés aux difficultés et à la réalité », avance le chef du département de l’emploi et des revenus d’activité à l’Insee. « Ils sont mieux aussi accompagnés et mis en confiance par des dispositifs tels que ceux mis en place par Pôle emploi », ajoute le chercheur du Céreq.
Ce contenu n'est pas visible à cause du paramétrage de vos cookies.