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Emplois d’avenir : un impact positif à long terme

Trois ans après leur suppression, le ministère du Travail a mesuré l’impact des emplois d’avenir sur l’insertion professionnelle des jeunes. Un bilan contrasté, mais positif à long terme.

Mesure phare du quinquennat de François Hollande, mais critiquée pour son coût (1), les emplois d’avenir ont rempli leur mission, selon une étude de la Dares, publiée le 2 juillet 2021 : ils ont permis à la majorité des jeunes (16-25 ans) éloignés de l’emploi qui en ont bénéficié, de s’insérer dans le monde professionnel.

Entre 2012 et 2018, année de sa suppression par Emmanuel Macron, le dispositif a été utilisé par 364 000 jeunes. Destiné aux jeunes peu diplômés et issus des quartiers défavorisés “il a bien atteint la population visée, les jeunes titulaires au plus d’un BEP ou d’un CAP et les habitants des zones défavorisées étant surreprésentés parmi les bénéficiaires”, observe le ministère du Travail. Ce qui contredit l’observation de la Cour des comptes en 2016, qui indiquait que les emplois d’avenir touchaient peu les jeunes des quartiers populaires.

Remplacés en 2018 par le parcours emploi compétences (PEC), les “emplois d’avenir”, tout comme les “contrats uniques d’insertion”, permettaient aux personnes les plus éloignées de l’emploi d’être embauchées dans une entreprise pour une durée limitée (3 ans), moyennant une subvention de l’Etat. Celui-ci prenait en charge les salaires à hauteur de 75 % pour les entreprises du secteur non marchand, et de 35 % pour le secteur marchand. À noter justement que 71 % des emplois d’avenir ont été signés dans le secteur non marchand, principalement dans des structures de petite taille.

Le dispositif des emplois d’avenir mettait en particulier l’accent sur la formation des jeunes, avec un tutorat resserré. “Les obligations de formation et de suivi attachées à ces emplois ont été respectées dans la majorité des contrats”, constate à ce sujet le ministère du Travail.

 

Plus de chances de retrouver un emploi à long terme

Selon le bilan de la Dares, les bénéficiaires des emplois d’avenir entre novembre 2012 et janvier 2018 ont un taux d’emploi supérieur de 2 points de pourcentage aux autres jeunes éloignés de l’emploi au bout de 3 ans, et de 8 points au bout de 4 ans.

“À cet horizon, 62 % des bénéficiaires d’un emploi d’avenir sont en emploi contre 54 % des autres jeunes n’en ayant pas bénéficié. Les jeunes sont donc moins au chômage ou en inactivité. Le dispositif semble donc avoir accru de 15 % les chances de retour à l’emploi des personnes qui en ont bénéficié. Quatre ans après leur entrée en emploi d’avenir, l’insertion socio-professionnelle des jeunes passés par ce dispositif est donc meilleure que s’ils n’en avaient pas bénéficié”, en déduit l’étude.

Globalement, 4 ans après l’entrée en emploi d’avenir, la probabilité d’être en emploi des jeunes sans diplôme passés par un emploi d’avenir non marchand est en moyenne de 6,6 points de pourcentage supérieur à celle qu’elle aurait été sans le passage par ce dispositif.

 

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Un effet “différencié” selon la durée du contrat et les diplômes

La Dares observe toutefois un “effet différencié selon les caractéristiques des jeunes et du contrat signé”. Ainsi, il s’agit surtout d’un “tremplin” pour les plus diplômés. Avec un emploi d’avenir, “les non diplômés ou titulaires d’un CAP-BEP ont moins de chances de retrouver un emploi que ceux détenteurs d’un niveau de diplôme équivalent ou supérieur au baccalauréat”, indique la Dares.  Les jeunes détenteurs du permis de conduire et ceux habitants en agglomération parisienne retrouvent aussi plus facilement un travail “car ils accèdent à des bassins d’emploi plus dynamiques”.

“Le dispositif est donc moins efficace pour les jeunes peu diplômés ou habitant en zones défavorisées, qui sont pourtant le cœur de cible des emplois d’avenir”, nuance l’étude.

“De même, le parcours en emploi d’avenir semble réussir davantage aux plus jeunes. Les hommes ont également plus de chances de retrouver un emploi à la sortie du dispositif que les femmes”, constate encore la Dares. Enfin, une “durée longue” en emploi d’avenir induirait “plus de chances de retrouver un emploi par la suite”. Ainsi, les jeunes qui ont passé 2 ans ou plus dans le dispositif ont “vu leurs chances augmenter significativement en termes d’accès à l’emploi par rapport aux bénéficiaires restés moins d’un an”. Un an après leur sortie, 65 % des jeunes qui ont passé 3 ans ou plus en emploi d’avenir “sont en emploi, contre 57 % pour l’ensemble des bénéficiaires”, note l’étude. Et cet effet de la durée “ne varie pas selon le niveau de diplôme initial du jeune : une durée plus longue en emploi d’avenir ne compenserait donc pas un niveau de diplôme initialement faible”, explique le ministère du Travail.

 

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(1) En 2016, la Cour des comptes estimait le coût des emplois d’avenir à 1,3 milliard par an, soit un coût unitaire annuel de 11 000 euros. L’année suivante, l’OFCE parlait d’un coût unitaire de 23 000 euros sur l’ensemble du quinquennat, pour un total de 15 milliards d’euros.

 

 

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