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Emplois francs : un dispositif encore peu utilisé

Conçu comme une réponse aux difficultés d’accès à l’emploi rencontrées par les habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville, le dispositif des emplois francs a fait l’objet d’une expérimentation du 1er avril 2018 au 31 décembre 2019. Durant cette période, seuls 5 660 emplois francs ont été validés.

“Compte tenu de la durée de l’expérimentation du dispositif et d’un taux de recours faible, il apparaît que les employeurs ne se sont pas encore réellement emparés du dispositif. Celui-ci étant calibré sur trois ans il conviendra d’observer les résultats au fur et à mesure. Les premiers résultats permettent de dégager des pistes pour faciliter sa mise en œuvre et son appropriation par les parties prenantes”, observe le ministère du Travail dans un rapport d’évaluation sur l’expérimentation des emplois francs.

Pour lutter contre le chômage massif qui touche les habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), et notamment lutter contre les discriminations à l’embauche dont ils sont l’objet, le dispositif emplois francs a été expérimenté d’avril 2018 à fin 2019, dans les quartiers prioritaires des Hauts-de-France, Île-de-France, Ardennes, Bouches-du-Rhône, Guadeloupe, Guyane, Haute-Garonne, Maine-et-Loire, Martinique, Mayotte, Réunion, Vaucluse et Saint-Martin.

Concrètement, ce dispositif permet à l’employeur qui embauche un demandeur d’emploi résidant dans un de ces quartiers de bénéficier d’une aide à hauteur de 15 000 euros sur 3 ans pour un contrat à durée indéterminé (CDI), ou de 5 000 euros sur deux ans pour un contrat à durée déterminée (CDD) d’au moins 6 mois. Les établissements publics administratifs, les établissements publics industriels et commerciaux, les sociétés d’économie mixte et les particuliers employeurs ne peuvent pas recourir à ces emplois.

 

Des employeurs et des demandeurs d’emploi mal informés

Au total, entre le 1er avril 2018 et le 31 mars 2019, seuls 5 660 emplois francs ont été validés. Le ministère explique surtout ce faible recours au dispositif par un manque d’information des employeurs. “Une certaine confusion existe avec d’autres mesures d’aide à l’emploi, liées ou non à la politique de la ville (zones franches urbaines, parcours emploi-compétences, précédente version des emplois francs…). Par ailleurs, la méconnaissance des quartiers prioritaires de la politique de la ville par les employeurs, et de leur périmètre, constitue un frein supplémentaire, notamment pour les entreprises les plus petites”, indique le rapport.

Le ministère préconise de “poursuivre et renforcer les actions de communication en direction des employeurs”, mais aussi des “publics éligibles”. Ainsi, selon lui, “le déficit d’information des habitants des QPV constitue également un frein important à la montée en puissance” des emplois francs. Certains demandeurs d’emploi éligibles craindraient notamment à tort un “effet de stigmatisation” et sont ainsi “réticents” à l’idée d’évoquer le dispositif face aux recruteurs.

“En parallèle de l’action menée par les conseillers de Pôle emploi, les acteurs de proximité, que sont les associations de quartiers et les acteurs institutionnels locaux (missions locales, délégués du préfet, adultes-relais…) constituent des canaux par lesquels l’appropriation du dispositif par les publics éligibles peut être facilitée”, préconise le ministère du Travail. Une solution pour permettre aux demandeurs d’emploi éligibles de surmonter leurs réticences pourrait aussi être d’organiser des “job-datings” dédiés.

À noter que selon le rapport, certains employeurs remettent en question “la réalité des discriminations à l’embauche à l’égard des habitants des QPV, mais aussi la légitimité d’une discrimination positive”, bien que leurs questionnements “ne semblent pas avoir d’incidence sur leur décision de recourir ou non au dispositif”.

 

 

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