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Employabilité, recrutement, évolution de carrière… L’intelligence artificielle, une nouvelle donne pour les candidats ?

La révolution de l’intelligence artificielle générative chamboule l’économie et les usages professionnels depuis son avènement en 2022. Et les métiers, les secteurs d’activité et les perspectives de carrière sont d’ores et déjà directement impactés. Un constat posé et débattu à l’occasion d’une table ronde "IA et Emploi", organisée par Salesforce ce 7 novembre, à l'occasion de son événement Agentforce World Tour.

En 2018, le nombre d’offres d’emploi exigeant des compétences liées à l’IA était de 11 000, contre 77 000 en 2023, selon le Baromètre de l’emploi en IA réalisé par PwC. Une croissance exponentielle qui rebat les cartes dans le marché du travail, et impacte tant les candidats que les employeurs. À la question de l’impact direct de l’IA, et des potentiels risques pour l’emploi, Élisabeth Moreno, présidente de la Fondation Femme@numérique, et ancienne ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, répond et ouvre les débats: « C’est une évidence que l’IA transforme et va transformer la façon dont on travaille. L’avantage, c’est la performance et le gain d’efficacité sur des tâches répétitives, l’inconvénient, c’est le risque pour certains travailleurs de perdre leur emploi s’ils ne mettent pas à jour leurs compétences. » Un enjeu de formation et d’éveil à l’IA dont s’est emparé France Travail, comme le souligne son directeur général Thibaut Guilluy : « Notre responsabilité, c’est de former tous les chercheurs d’emploi. On a signé avec Microsoft, avec Google, avec Salesforce, pour leur apporter ces compétences déterminantes pour l’emploi. On a souvent considéré que l’innovation allait détruire tous les emplois, mais on constate que cela a plutôt tendance à en générer. »

Tendance généralisée

De fait, si l’IA générative devient un enjeu d’employabilité, elle influence également les usages des recruteurs et des professionnels de l’insertion. « Nous utilisons les outils d’IA pour augmenter notre potentiel. Par exemple, nous déployons Chat FT, pour augmenter la puissance d’agir de nos conseillers et de nos utilisateurs. 15 000 conseillers l’ont aujourd’hui entre les mains, explique Thibaut Guilluy. Autre enjeu sur lequel nous avançons grâce à l’IA : le surmesure de masse et l’hyper personnalisation. 52% des salariés aspirent à changer de voie, nous devons être prêts à les accompagner au mieux, du bac -5 au bac +5. »

Parmi les usages positifs de l’IA, l’affinage du recrutement et du matching avec les candidats est également à souligner. En effet, comme le rapporte Pierre Matuchet, directeur de la transformation digitale et membre du comité exécutif d’Adecco : « Quand on fait une annonce qui est générée par l’IA, on a 12 % de retours en plus. L’IA a cette capacité à aller chercher des données, capter des signaux faibles et favoriser la création de liens avec les candidats. »

Du côté des personnes en poste, l’impact est également déjà prononcé pour certains métiers. Un exemple : le métier de téléconseiller et de chargé de relation client. Alain Angerame, directeur de l’expérience collaborateur de Bouygues Telecom l’illustre : « 50 % de nos problèmes techniques sont déjà réglés 7 jours sur 7 par des automates. Et nous utilisons l’IA pour gérer des tâches simples, en concentrant l’humain sur des tâches complexes, tout en l’assistant grâce à l’IA en temps réel, pour mieux comprendre les besoins et les sentiments des clients et réagir en conséquence. »

Au carrefour des transitions

Outre les questions d’emploi et de carrière, l’IA cristallise également les enjeux de l’inclusion et de l’égalité des chances. Si Pierre Matuchet y voit « un outil pour combattre l’exclusion de l’emploi », les risques existent. Comme le rappelle Élisabeth Moreno, « c’est l’outil technologique qui a la plus grande capacité de création d’inégalités. Quand on sait que parmi les personnes qui développent ces outils, les femmes sont en très grande minorité, on peut s’inquiéter vis-à-vis de la reproduction des biais qui existent déjà.« 

Selon Cécile Wendling, chercheuse en sciences sociales, « l’IA va se combiner aux autres tendances qui impactent l’avenir du travail. La première est celle de la santé mentale au travail, l’IA peut permettre de détecter quand une personne travaille tard, ne déconnecte plus… Et aider à la prévention des risques. Ensuite, l’enjeu de la fin de carrière des seniors : l’IA peut être un levier pour faire de l’intergénérationnel. Et favoriser la longévité. Enfin, troisième enjeu qui devra être mêlé à l’IA : le changement climatique. »

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