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Être aidant est toujours un frein pour (re)trouver un emploi

Le 6 octobre est la journée nationale des aidants. A cette occasion, paraît la 3e édition du baromètre « Aider et travailler », qui soulève les problématiques rencontrées par les personnes devant concilier un travail, ou la recherche d’emploi, et l’assistance portée à un proche. Analyse d’un phénomène qui devrait s’amplifier dans les prochaines années.

Et si l’on changeait de regard sur les aidants ? Et s’ils changeaient, eux aussi, la vision qu’ils ont d’eux-mêmes ? Tel est l’objectif du baromètre 2023 « Aider et travailler », qui décrypte un phénomène amené à prendre de plus en plus d’ampleur. Puisque, selon l’organisme de retraite complémentaire AGIRC-ARRCO, à l’horizon 2030, un quart des salariés devrait être impacté par la perte d’autonomie d’un proche et contraint de l’assister au quotidien. Contre 20 % des salariés à l’heure actuelle. Sachant que l’on estime que le nombre d’aidants en France est compris entre 8 et 11 millions, dont plus de 5 millions de salariés.

La 3e édition de l’enquête « Aider et travailler » a été menée au printemps dernier, auprès d’un l’échantillon de plus de 500 personnes, aidants salariés ou au chômage, mais aussi leurs collègues, leurs managers et leurs responsables des ressources humaines. « J’ai fait le deuil de mon activité professionnelle, » a déclaré un aidant sans emploi, tandis qu’un autre dans la même situation professionnelle pointait le problème de l’épuisement et du manque de soutien.

Pourtant, l’étude souligne que les aidants acquièrent une véritable expérience, en particulier en matière de soft skills. Ainsi, 7 travailleurs aidants sur 10 dit avoir acquis de nouvelles compétences grâce à l’assistance apportée aux proches. Les collègues et managers font d’ailleurs ce constat dans la même proportion. Il s’agit, en premier lieu, de la gestion des priorités (citée dans 91 % des réponses), de l’organisation du temps (86 %) et de l’efficacité (80 %).

C’est pourquoi, quel que soit le point de vue, il est essentiel d’envisager le rôle d’aidant comme un apport bénéfique à l’équipe, insiste Gabrielle Guèye, fondatrice d’Interfacia, spécialiste du management de l’aidance en entreprise et partenaire du baromètre : « Les employeurs pourront ainsi non seulement anticiper les éventuelles conséquences négatives, mais également se saisir des effets positifs en matière de compétences nouvelles et d’amélioration du climat social. ». Car l’étude montre que 54 % des collègues et managers d’aidants voient en l’aidance un impact positif sur la cohésion d’équipe.

Précarisation du statut d’aidant

Néanmoins, il est difficile de concilier le statut d’aidant et un emploi. Un peu plus de la moitié des salariés dans cette situation considère qu’elle nuit à leur évolution de carrière. Et les deux tiers qu’elle a un impact négatif sur leur travail.

« Nous assistons à une véritable précarisation du statut d’aidant qui s’accentue jour après jour et qui génère de grandes inquiétudes pour l’avenir, assure Christine Lamidel, créatrice et directrice générale de Tilia, start-up dédiée à l’accompagnement des entreprises et de leurs salariés aidants. Le maintien dans l’emploi de ces collaborateurs est aujourd’hui un enjeu crucial. L’exercice d’une activité professionnelle constituant une véritable bulle de décompression, qui vient contrebalancer une vie personnelle plus difficile. »

Temps partiel subi

Or, dans le panel sollicité au printemps dernier, un quart des aidants travaille à temps partiel, un choix subi dans 69 % des cas et qui génère un manque à gagner en termes de revenus.

De plus, l’enquête révèle qu’un tiers des aidants sans emploi interrogés a été contraint de démissionner pour prendre soin d’un proche fragilisé. Une situation qui n’a pas été choisie dans 86 % des cas. Par ailleurs, le fait d’être aidant constitue un frein pour retrouver un emploi pour près de la moitié des personnes au chômage ayant répondu au sondage. Alors même que cette situation pourrait être un argument tourné de manière positive au moment de postuler à une offre, en mettant en avant les compétences comportementales mobilisées à titre personnel et qui peuvent être mises à profit dans le cadre professionnel… Un changement de mentalité s’impose, tant au niveau des employeurs que des candidats ou actifs eux-mêmes !

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