D’ici à 2030, plus de 30 millions de nouveaux emplois verts devraient être créés dans le monde, comme le rapporte le livre blanc « Transition écologique des entreprises : priorité à l’Humain », publié ce 22 avril par ManpowerGroup, spécialiste des RH et du recrutement en intérim. « Si l’on se recentre sur la France, il existe différentes études produites par l’Ademe ou le Medef notamment, et les chiffres sont autour de 5 à 6 millions d’emplois liés à la transition écologique, ajoute Benoît Derigny, directeur général de Manpower France. Ce que l’on appelle les métiers verts, qui sont neufs et n’existaient pas il y a peu, c’est la partie émergée de l’iceberg. Mais ce ne sont pas les plus nombreux, il y a surtout des métiers classiques qui vont devoir intégrer une ou plusieurs compétences vertes additionnelles, que l’on peut appeler métiers verdissants. »
Selon Manpower, 65 % des employeurs français recherchent activement des profils et compétences verts, ou prévoient de le faire dans un futur proche. Pourtant, seul un travailleur sur huit (15 %) possède aujourd’hui plus d’une compétence verte. « Nous voulons éclairer cet angle mort de la contribution et du levier RH dans la réussite de la transition écologique des entreprises. Le grand enjeu pour l’emploi, aujourd’hui et demain, c’est celui de la formation complémentaire et des compétences additionnelles. Le cœur des métiers est là, mais il faut acquérir des compétences vertes pour pouvoir changer le monde par son travail », explique Benoît Derigny.
Tensions de recrutement
Face à l’ampleur des besoins de compétences, les difficultés de recrutement s’accumulent : 75 % des employeurs peinent à trouver les profils qualifiés nécessaires. Bien que 66 % des salariés se disent prêts à s’engager dans la voie de la transition écologique. Là encore, la solution passera par la formation. « Si on prend l’exemple de la construction et du BTP, il y a aujourd’hui d’importants enjeux d’isolation et de rénovation énergétique, et donc de compétences en la matière. Pour les profils travaillant déjà dans le bâtiment, acquérir des compétences additionnelles peut ainsi permettre de booster son employabilité pour les années à venir. D’autant plus que le secteur du BTP traditionnel est en perte de vitesse », soulève le directeur général de Manpower France. À date, 9 entreprises sur 10 disent ne pas disposer en interne des talents pour atteindre leurs objectifs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).
« Pour schématiser, nous pouvons distinguer trois types d’entreprises. Un tiers d’entreprises qui sont déjà impliquées et engagées dans la transition et le développement durable, un tiers d’entreprises qui ont identifié les défis et vont s’y mettre prochainement, et puis un dernier tiers qui considèrent que ce n’est pas le sujet prioritaire ou immédiat. Mais je pense que c’est une question de temps, toutes les entreprises vont devoir réinventer leur chaîne de valeur à l’aune de la transition », souligne Benoît Derigny.

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Pour se projeter et réfléchir aux potentielles créations de métiers verts, Manpower a interrogé ChatGPT. L’IA a ainsi mis en avant 10 green jobs qui, selon elle, devraient apparaître prochainement :
- EcoVille cultivateur : ingénieur en agroécologie urbaine
- Virtual GreenSpace designer : architecte paysagiste numérique
- EcoData Analyst : analyste de données environnementales
- Ocean rehab technicien : spécialiste en restauration des écosystèmes marins
- Énergéticien océanique : ingénieur en énergie marine renouvelable
- NatureMind Mentor : éducateur en éco-psychologie
- SmoothMove planner : chargé de projet de mobilités douces
- GreenSec Analyst : expert en cybersécurité environnementale
- Urban PermaTech : technicien en permaculture urbaine
- E-waste rehab coordinator : coordinateur de projets de réhabilitation des déchets électroniques
« Le libellé de ces métiers attire l’attention. Ces professions ne seront peut-être pas effectives tout de suite ou en tant que telles, mais cela met en valeur les défis de RH et de recrutement liés à la transition écologique, commente Benoît Derigny. Pour tout candidat ou tout salarié, les questions à se poser sont : quel impact va avoir la transition écologique dans mon métier ou mon secteur ? Et quels sont les blocs de compétences additionnelles que je peux aller chercher pour exercer mon métier dans le sens de la transition ou pour me reconvertir ? Le message général, c’est que l’on doit être un acteur de ses compétences tout au long de sa vie professionnelle, pour la transition écologique, mais aussi pour d’autres défis, comme celui de l’IA. Il faut s’interroger en permanence sur l’évolution de son métier. »