À ce jour, 37 % des actifs déclarent avoir réalisé une reconversion au cours de leur parcours professionnel, selon France Compétences. Une dynamique qui doit notamment beaucoup aux dispositifs consacrés, comme le projet de transition professionnelle (PTP) ou la démission-reconversion. Si la reconversion séduit toujours plus d’actifs, elle attire également de plus en plus de personnes en situation de handicap. En effet, selon l’étude « La reconversion professionnelle des salariés en situation de handicap », publiée par l’Agefiph, en partenariat avec l’Observatoire des Transitions pro, 6,4 % des bénéficiaires du PTP sont reconnus travailleurs handicapés. Soit un taux supérieur à celui des personnes handicapées parmi l’ensemble des personnes en emploi (4 % selon l’Insee).
« On sait que les personnes en situation de handicap souffrent dans leur parcours professionnel, à la fois du poids des représentations et du fait que, bien souvent, elles ont un niveau de formation inférieur qui peut les pénaliser ou compliquer leur maintien dans l’emploi, commente Véronique Bustreel, directrice de l’innovation, de l’évaluation et de la stratégie de l’Agefiph. Le but de cette étude, c’est de vérifier et de mettre en lumière l’utilité des outils de reconversion pour l’emploi des personnes handicapées. Pour amplifier leurs recours et combattre les croyances limitantes qui peuvent peser sur les travailleurs handicapés. »
La reconversion comme levier d’insertion
Selon les données de l’étude, la population des bénéficiaires du PTP en situation de handicap est plus âgée que celle de l’ensemble des bénéficiaires (43 ans contre 38 ans), mais également moins diplômée (53 % ont un niveau bac ou plus, contre 63 %) et plus féminine (63 % contre 57 %). Aussi, il apparaît que 73 % des salariés en situation de handicap entreprennent une formation pour faire face à des problèmes de santé (contre 16 % pour l’ensemble des bénéficiaires), à une situation compliquée dans leur poste (61 % contre 51 %) ou les deux à la fois (49 % contre 11 %). De quoi confirmer la reconversion comme un levier privilégié pour rebondir, notamment lorsque le handicap survient en cours de carrière ou à la suite d’un accident.
« Pour accompagner ces trajectoires et la mise en œuvre des formations des personnes en situation de handicap, nous avons mis en place l’outil ressource handicap formation (RHF), ajoute Véronique Bustreel. C’est un service de proximité qui aide les organismes de formation à développer un accueil adapté, via l’accompagnement de référents handicap, tout en favorisant l’accès aux dispositifs et aux aides accessibles à tous les salariés. »
Des parcours aboutis
Parmi les travailleurs handicapés se lançant dans un PTP, 20 % sont issus du commerce, au moment du départ en formation, 19 % de la santé et de l’action sociale et 13 % du domaine industriel et manufacturier. S’agissant des formations et des secteurs ciblés, une personne handicapée sur cinq suit une formation dans le domaine du secrétariat et de la bureautique, dans le cadre de son PTP, contre 8 % pour l’ensemble de la population. Suivent les formations dans le transport et la manutention (13 %), les ressources humaines (10 %), le travail social (8 %) et la comptabilité/gestion (7 %). « Ce que je trouve intéressant dans l’étude, c’est surtout que l’on constate que la plupart des personnes concernées vont au bout de leur formation et suivent un parcours satisfaisant, qui mène à des évolutions professionnelles positives », complète la directrice de l’innovation, de l’évaluation et de la stratégie de l’Agefiph. En effet, sur la période 2020-2022 observée par l’étude, 97 % des salariés en situation de handicap ont suivi leur formation jusqu’à son terme et 89 % ont obtenu leur diplôme à la fin de leur PTP. Aussi, six mois après le formation, 46 % des bénéficiaires handicapés ont déjà réalisé leur projet de reconversion et occupent un poste en lien avec leur formation, tandis que 45 % sont toujours en cours de reconversion. Surtout, seuls 9 % ont abandonné leur projet, six mois après la formation.
« Mon premier conseil, quand on est en situation de handicap, c’est de ne pas hésiter à se tourner vers son médecin du travail et sa direction des RH ou son employeur, affirme Véronique Bustreel. Certains environnements peuvent apporter un soutien bienvenu, et se tourner vers son entreprise peut permettre de ne pas décrocher, voire d’aménager ce qui doit l’être pour être maintenu dans son emploi, ou d’entamer une reconversion. Les personnes qui subissent la survenue d’un handicap en cours de carrière ont encore 10, 15, 20 ans de vie professionnelle devant elles, ou plus. La reconversion et la montée en compétences peuvent tout changer pour la suite. »