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Philippe Poutou : “Nicolas Sarkozy s’en est pris aux chômeurs”

Candidat du NPA à l’élection présidentielle, Philippe Poutou a répondu aux questions de la rédaction. Il défend l’interdiction des licenciements, l’annulation de la dette et la semaine des 32 heures pour tous : les ouvriers, les employés… et les cadres.

Vous avez publié récemment un ouvrage intitulé Un ouvrier, c’est là pour fermer sa gueule ! Et les cadres ?


Les cadres subissent souvent en entreprise une pression phénoménale. À ce titre, ils ont intérêt à ce que les luttes menées contre l’autoritarisme patronal aboutissent. Mais, le plus souvent, ils ont le sentiment d’être “du côté du patron” et cela a des conséquences sur l’organisation du travail pour que les employés ou les ouvriers “ferment leurs gueules”. D’autre part, en dehors de l’entreprise, être cadre est une fonction valorisée socialement qui donne précisément voix au chapitre dans bien des domaines.



 

Quel message souhaitez-vous leur faire passer dans le contexte actuel et quelles mesures les concernant directement proposez-vous ?


Nous sommes favorables à l’unification de tous les travailleurs. À ce titre, nous pensons que les cadres devraient se joindre aux luttes des salariés pour améliorer leurs conditions de vie et de travail. Ne sont-ils pas nombreux à être touchés par le stress au travail ? Le taux de suicide dans certaines entreprises en atteste. Cela suppose aussi qu’ils jouissent des mêmes conditions de travail que nous défendons pour tous : interdiction d’être licencié, travail hebdomadaire de 32 heures…



 

Si vous étiez élu, quelle serait votre première mesure pour l’emploi ? Et pour l’économie ?


Ma première mesure pour l’emploi serait l’interdiction des licenciements et des suppressions de postes. Il est anormal, alors que la productivité du travail n’a cessé de croître, que cela se fasse au détriment des salariés. Certains se tuent à la tâche alors que d’autres peinent à trouver un emploi. Il faut que la hausse de la productivité profite aux salariés.


Quant à l’économie, elle est aujourd’hui proche de la récession en raison de la crise de la dette. La dette doit être annulée. Elle a été créée par des décennies de politiques fiscales favorables aux plus riches créant un manque à gagner de 150 milliards par an. Ce qui suppose aussi la création d’un service public bancaire unique, en réquisitionnant les banques, en les unifiant dans un monopole public de crédit sous le contrôle de l’État et de la population. C’est ainsi que le crédit pourra être utilisé pour des projets socialement utiles.



 

Nicolas Sarkozy a fait de la formation des chômeurs l’un de ces thèmes de campagne. Quel regard portez-vous sur ses propositions ?


En 2007, il avait fait de la résorption du chômage un de ces thèmes de campagne. Il disait alors que si au terme de son quinquennat le chômage n’était pas ramené à 5%, il ne faudrait pas le réélire. Dont acte. Le chômage n’a non seulement pas été réduit mais il a explosé. Faute d’avoir su s’en prendre au chômage, il s’en est pris aux chômeurs depuis 5 ans : en réduisant leurs droits, en les culpabilisant et en les stigmatisant… Les actuelles promesses de Nicolas Sarkozy n’engagent que ceux qui veulent bien y croire.


Pour ma part, je sais que les licenciements et le chômage ne sont pas une fatalité. À Ford, dans mon usine, grâce à la lutte collective, nous avons réussi à maintenir l’emploi. Maintenir l’emploi, c’est cela la première mesure contre le chômage. On semble l’oublier trop souvent. Cela est vrai aussi de l’État qui supprime des postes, pourtant utiles à l’ensemble de la société, dans les hôpitaux et les écoles par exemple. Je pense que les services publics doivent au contraire être développés et qu’il faut créer un million d’emplois pour les renforcer et répondre aux besoins essentiels de la population : santé, éducation, eau, énergies, logement, transports… Évidemment, cela suppose des personnels compétents et formés. Mais la formation n’est pas la réponse au chômage, c’est le pendant d’une politique pour l’emploi, et celle-ci suppose d’avoir la volonté de s’en prendre à la seule logique actuellement à l’œuvre, celle du profit à tout prix.

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