Plusieurs syndicats affirment que 40 000 chômeurs auraient perçu la prime pour les travailleurs précaires “par erreur”. Ils réclament à Pôle emploi de ne pas leur demander de remboursement. Mais l’agence, qui effectue des vérifications, évoque des “cas de trop-perçus qui restent minoritaires”. Cette aide exceptionnelle, qui devait cesser fin février, a récemment été prolongée par le gouvernement jusqu’en mai 2021.
La prime pour les travailleurs précaires a-t-elle été versée par erreur à des milliers de chômeurs ? Selon des syndicats de Pôle emploi, le versement de cette prime automatique exceptionnelle aurait “viré au bazar”, avec des “dysfonctionnements” et finalement près de 40 000 cas de trop-perçus.
L’agence, interrogée par Le HuffPost, ne confirme pas le nombre de 40 000 dossiers, et évoque “des cas minoritaires” de trop-perçus, qui devraient être encore plus réduits avec la prime de janvier 2021. Certains dossiers n’étaient pas assez étayés, et des agents auraient pris contact avec des demandeurs “pour apporter de nouvelles pièces aux dossiers”. Des dossiers “très hétérogènes”, avec des durées de travail et de chômage “qui varient beaucoup, tout comme les salaires”.
Les chômeurs ayant reçu une prime par erreur devront-ils rembourser ? Les organisations syndicales réclament à Pôle emploi de faire preuve de “clémence”. Mais l’organisme indique simplement que des demandes de remboursement devraient se faire “comme lors d’un trop-perçu d’allocation chômage”, avec une notification et une possibilité de contestation.
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La prime exceptionnelle prolongée de 3 mois
Pour rappel, cette aide exceptionnelle destinées aux salariés précaires qui enchaînent contrats courts et périodes de chômage, créée en novembre 2020, était initialement prévue jusqu’en février 2021. Mais elle a été prolongée pour les mois de mars, avril et mai 2021. Le ministère du Travail assure que 682 000 primes ont été versées à 408 000 demandeurs, au titre de novembre et décembre 2020. Parmi lesquelles 165 000 jeunes de moins de 30 ans.
Cette mesure est destinée aux travailleurs touchés par la forte baisse du nombre de missions d’intérim et de contrats à durée déterminée occasionnée par le contexte sanitaire. Ainsi, cette “aide d’urgence” permet à “toutes celles et ceux qui ont travaillé au moins 138 jours en CDD ou en intérim (soit plus de 60 % du temps de travail annuel), au cours de l’année 2019, mais qui n’ont pas pu travailler suffisamment en 2020 pour recharger leurs droits à l’allocation-chômage du fait de la crise”, de bénéficier d’une garantie de revenu minimum de 450 à 900 euros net par mois.
1,7 million de “permittents” en France
Cette aide de l’État est versée automatiquement (sans démarche particulière à effectuer) par Pôle Emploi, en fin de mois, aux demandeurs d’emploi indemnisés ou non. Les personnes concernées sont principalement des salariés employés en extra dans l’hôtellerie, la restauration ou l’événementiel, des saisonniers et des intérimaires, que Pôle emploi appelle les “permittents”.
Cumulant jobs précaires et allocation chômage, ils étaient au nombre de 1,7 million en France, dont 865 000 indemnisés, à fin 2017, selon les chiffres de l’Unédic. Disposant de revenus très modestes, ils connaissent souvent mal leurs droits, et “ne savent pas qu’exercer une activité leur permettra de prolonger la date de fin de droits au chômage”.
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