Serait-ce la fin de la « grande rotation » ? Voilà la grande question posée par l’enquête 2024 « Ce que veulent les candidats », réalisée par le groupe de recrutement Robert Half. Après une période post pandémie favorable aux candidats et portée par un fort dynamisme de l’emploi, les résultats de l’étude laissent présager d’un rééquilibrage du rapport de force entre employeurs et salariés. En effet, les salariés se disent moins sollicités par des recruteurs (45 % affirment ne l’être « pas du tout », contre 37 % l’an passé), mais également moins enclin à changer d’emploi (43 % des sondés sont en recherche active ou à l’écoute de nouvelles opportunités, contre 53 % l’an passé). Également, près d’un employé sur deux (49 %) affirme ne pas être à la recherche d’un nouvel emploi, contre 39 % en 2023.
Dans le détail, seuls 20 % des personnes prévoyant de changer d’emploi dans les 6 prochains mois souhaiteraient changer de secteur d’activité, contre 32 % en 2023. Et 21 % aimeraient se lancer dans une reconversion, contre 27 % l’an passé. La mobilité géographique reste, quant à elle, un objectif assumé : 52 % des actifs prévoyant de changer d’emploi dans les 6 mois se disent ouvert à l’idée de changer de région ou de pays.
Pas plus de satisfaction
Si les résultats témoignent d’un ralentissement des aspirations au changement, les salariés ne se disent pas pour autant plus satisfaits de leurs vie au travail. En avril 2024, 69 % des salariés interrogés se déclarent ainsi très satisfaits ou plutôt satisfaits de leur emploi actuel, un taux identique à celui d’avril 2023 (10 % se disent plutôt ou très insatisfaits). Sur le seul sujet du salaire, 45 % des employés se déclarent très ou plutôt satisfaits de leur rémunération (- 6 points par rapport à 2023). Un taux nettement plus faible chez les femmes (39 %) que chez les hommes (52 %). Et pour cause, les femmes et les 45-65 ans sont les deux catégories ayant la plus forte impression d’être sous-payées (46 %).
À la question « quelles raisons vous poussent à vouloir changer d’entreprise ? », les sondés citent en priorité une augmentation de salaire (51 %), l’ennui dans le poste actuel (28 %), un meilleur équilibre vie pro/vie perso (27 %) et la volonté d’évoluer sa carrière vers plus de responsabilités (27 %). A contrario, les critères pour rester dans son entreprise actuelle sont un bon équilibre vie pro/vie perso (53 %), une ambiance de travail bienveillante (41 %) et la bonne solidité financière de l’entreprise (32 %). De fait, les salariés se disent être devenu plus exigeants vis-à-vis du salaire (62 %), de leur équilibre de vie (51 %) et du sens de leur travail (44 %). Le dernier critère, celui du sens de ses activités, est celui qui progresse le plus, avec un bon de 7 points par rapport à 2023. Pour autant, le salaire reste le critère n°1, lorsque il s’agit de choisir entre une entreprise et une autre (65 %).
Quel rapport à l’IA ?
L’impact de l’intelligence artificielle sur les métiers et le monde du travail en général devient également une préoccupation centrale. Si peu de candidats manifestent une méfiance contre l’IA (19 % pensent qu’elle impactera négativement leur emploi), l’incertitude demeure : 41 % des sondés indiquent ne pas savoir si l’impact sera positif ou négatif (51 % des 45-65 ans). Face à cet enjeu, la différence entre générations est marquée, 52 % des 18-34 ans anticipant un impact positif. Dans ce contexte, 30 % des salariés souhaitent acquérir des compétences liées à l’IA au cours des 12 prochains mois. Et ce, en priorité en analyse de data (53 %), en audit et gestion des risques (45 %) et en automation (40 %).