En matière de recrutement, les rapports entre candidats et employeurs évoluent au gré des nouvelles attentes et du contexte de crise. Des enjeux décryptés par le site d’emploi et de conseil en recrutement Monster, dans son étude annuelle The Future of Work, présentée ce 16 mars. Parmi les grands enseignements, la flexibilité fait figure d’acquis pour les candidats.
Face à l’évolution du rapport au travail et des priorités exprimées par les travailleurs et les candidats, notamment issus de la génération Z, les méthodes de recrutement et d’attractivité des talents se transforment. Selon l’édition 2023 de l’étude The Future of Work, pour laquelle Monster a interrogé 8 000 recruteurs et candidats pour recueillir leur état d’esprit et leurs attentes, l’année sera à nouveau marquée par les besoins d’adaptation des entreprises. « Parmi les tendances qui ressortent, on voit l’exigence sur le salaire revenir sur le devant de la scène, dans un contexte d’inflation« , analyse Marie Lindenmeyer, responsable éditoriale de Monster, lors de la présentation de l’étude. Et pour cause : en 2023, les attentes salariales des postulants seraient 54 % plus élevées que l’an dernier, dont 84 % en raison de l’augmentation du coût de la vie. Une donnée qui complique la tâche des recruteurs, 35 % constatant un impact négatif sur les résultats de l’entreprise.
« Dans cette situation de pénurie des talents et des compétences, certains profils sont difficilement captables et ont des exigences salariales qui augmentent. Le risque est de créer des écarts trop importants entre nos équipes et de nouvelles recrues. Nous devons entendre les demandes de la nouvelle génération sans pour autant céder à tout. C’est pour cela qu’il faut être armé avec d’autres leviers d’attractivité et soigner sa marque employeur« , explique Virginie Linard, directrice des opérations RH de Up Coop.
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Priorité flexibilité
Si la question du salaire préoccupe de nouveau beaucoup de candidats, le désir de flexibilité s’affirme lui comme une priorité assumée et, pour les entreprises, comme un outil de séduction. À l’heure où déjà 51 % des entreprises disent avoir un modèle hybride, entre télétravail et présentiel, 43 % des recruteurs avancent que proposer une organisation flexible les aide à mieux recruter, et 39 % que cela permet de mieux retenir les talents. De fait, et pour répondre aux demandes des postulants, les entreprises prévoient d’améliorer en priorité l’accès au télétravail (43 %), aux congés payés et aux jours de bénévolats rémunérés (41 %), ainsi qu’aux prestations de soins de santé (39 %).
« Il ne faut pas nier que le salaire est souvent l’arme numéro 1 pour attirer un jeune, mais c’est peut être l’arbre qui cache la forêt, juge Matthias Jean fondateur de Tarentö, qui fait le lien entre la génération Z et le monde de l’entreprise, les candidats ont d’autres attentes et pour eux la flexibilité est désormais un acquis. C’est le bon moment pour s’interroger sur les autres leviers d’attractivités : clarté des missions, quête de sens, engagement RSE… » Preuve de la dualité des attentes, 80 % des candidats déclarent tout même préférer travailler en présentiel avec une augmentation de salaire de 15 %, plutôt que d’être en télétravail au même salaire (20 %).
Adaptation des entreprises
Selon l’étude, 31 % des candidats se renseignent sur les valeurs de l’entreprise en matière de diversité et d’inclusion avant de postuler. Sur ce point, les employeurs affichent des initiatives pour l’égalité salariale entre femmes et hommes (68 %), la RSE (39 %) et la diversité des effectifs (35 %).
Dans ce contexte et face à la pénurie de compétences, le processus de recrutement évolue : 59 % des recruteurs se disent prêts à recruter un candidat avec des compétences transférables pour le former par la suite. Du côté des postulants, les points importants incitant à répondre à une offre sont la mention du salaire (85 %), de la flexibilité des horaires (46 %) et des avantages et bénéfices (32 %). « Une offre reçoit 2,5 fois plus de candidatures lorsque le salaire est affiché« , complète Marie Lindenmeyer.