Pouvez-vous commencer par présenter l’entreprise et ses activités ?
Sonia Fosse: Segula Technologies est un groupe international. Sur nos 15 000 employés, 7 000 sont en France. Notre cœur de métier, c’est d’apporter des solutions à nos clients industriels, sous l’angle de la compétence. Concrètement, nos équipes d’ingénieurs et nos bureaux d’études travaillent sur des projets, dans tous les secteurs de l’industrie. Et nous proposons également de l’assistance technique, pour laquelle nous dépêchons des experts pour travailler directement sur le site du client, dans une usine ou ailleurs. Un autre pan important des activités que nous développons de plus en plus, c’est la recherche et le développement. Notre équipe R&I (recherche et innovation) travaille sur 200 projets chaque année, orientés vers la transition écologique des modèles industriels. On sait que cela intéresse toujours plus de candidats, et cela peut être une porte d’entrée vers l’industrie.
Sur le plan géographique, nous avons 40 sites en France, et nos clients sont présents sur tout le territoire métropolitain. L’ambition est d’être proche des campus et des bassins d’emploi. Avec nos quatre valeurs cardinales : proximité, ambition, réactivité et innovation.
Vous menez cette année une vaste campagne de recrutement, quels sont vos besoins ?
Nous recrutons 2 200 nouveaux collaborateurs en 2024, dont un millier de jeunes diplômés sur un premier emploi en sortie d’études. Cette campagne s’inscrit dans la lignée des dernières années, déjà très riche en recrutements, avec le redémarrage des activités industrielles comme l’automobile et l’aéronautique. Aujourd’hui, nos besoins grandissent d’autant plus, avec la dynamique de réindustrialisation à l’œuvre. D’une part, les clients historiques ont besoin de main-d’œuvre pour prolonger leurs usines et leurs activités classiques. D’autre part, de nouveaux projets industriels voient le jour (hydrogène, nucléaire, petits réacteurs modulaires, décarbonation…).
Nous recherchons bien-sûr des profils d’ingénieurs en bac +5 et très qualifiés, mais aussi des profils bac +2 et bac +3. Je pense notamment à des postes de concepteur en mécanique et en radioprotection, mais aussi de designer industriel, d’automaticien. Ces métiers, au plus près de la chaîne de production, sont en pénurie de candidats. Tout comme ceux de la maintenance industrielle, avec le métier d’ajusteur moteur en aéronautique par exemple. Pour encadrer tout cela, nous recherchons également des chefs de projet et des planificateurs.
Quelle utilisation faites vous du levier de la formation ?
Face à la pénurie de candidats et de compétences, nous allons notamment chercher des profils n’ayant pas les qualifications, pour les former via des préparations opérationnelles à l’emploi (POE) avec France Travail. Le poste d’ajusteur moteur en fait beaucoup l’objet. Et nous proposons également des formations en interne ou auprès des clients, que l’on finance. Par exemple, sur certains métiers de l’aéronautique, nous formons des gens en Île-de-France ou autre, qui vont ensuite exercer dans le sud-ouest. Cela se prête bien aux trajectoires de reconversion notamment.
Aussi, pour les jeunes diplômés que nous recrutons, nous les formons aux outils et aux process de l’industrie dès leur arrivée. Et les profils expérimentés entretiennent également leurs compétences. Comme on le sait, les compétences deviennent aujourd’hui quasi obsolètes en 2/3 ans en moyenne. Pour cela, nous déployons la Segula Academy en interne, et nous avons signé un partenariat en janvier 2024 avec LinkedIn, pour déployer leurs solutions LinkedIn Learning, notamment sur des thématiques de bureautique et de codage. Et nous avons également lancé la plateforme My Skills, qui fonctionne comme un LinkedIn interne avec un outil d’IA qui suggère des compétences et des auto-évaluations.
Comment entretenez vous votre marque employeur ?
En premier lieu, je pense déjà que l’attractivité du métier d’ingénieur s’améliore, les activités se redynamisent. C’est pour cela que nous avons décidé en fin d’année dernière de refondre notre marque employeur, pour s’adresser aux candidats sous un angle plus fidèle aux métiers qu’ils vont exercer. J’étais moi-même ingénieure, avant de prendre mes responsabilités de dirigeante RH. Auparavant, nous montrions directement à nos candidats une aile d’avion, une automobile. Désormais, nous proposons plutôt des témoignages et des rencontres avec des femmes et des hommes en situation de travail. Pour raconter ce que c’est que de travailler sur une aile d’avion, sur la conception d’un moteur hybride. Et insister sur l’impact du travail réalisé plutôt que sur le seul objet. Comme on le sait, les jeunes générations, et les autres, s’intéressent toujours plus au sens de leur travail. La première brique de l’attractivité, c’est de faire comprendre nos métiers.
Et ces leviers d’attractivité sont également les fondements de la rétention des collaborateurs ?
Oui. Nous orientons beaucoup notre marque employeur sur la valorisation des métiers et sur la formation. Tant pour l’attractivité que pour la fidélisation. S’agissant des parcours de carrière, nous mettons en avant la mobilité interne et géographique. Cela fait partie de nos valeurs et du cœur de métier. En nous rejoignant, les candidats s’ouvrent des opportunités en France et à l’international, dans les différents secteurs industriels. Nous voyons des salariés monter en expertise et devenir managers ou partir à l’étranger, d’autres ayant commencé comme consultants pour finir directeurs d’agence ou de site. Nous avons voulu nous départir des chemins de carrières classiques, assez figés et linéaires, pour ouvrir les perspectives. Je suis convaincue que le bon niveau de réflexion, ce n’est pas le poste, ce sont les compétences.
Quel dernier message pouvez-vous adresser aux candidats ?
Nous participons à beaucoup de forums professionnels et de salons de l’emploi. Je conseille donc aux personnes intéressées de rester à l’affut, notamment en suivant notre page LinkedIn pour connaître les prochains rendez-vous. Nous organisons également des portes ouvertes plusieurs fois par an dans nos locaux. Et, aussi, pour les personnes en reconversion, des actions bilatérales sont menées dans toutes les régions avec France Travail, pour de la formation préalable à l’emploi. Grâce à la réindustrialisation, les métiers de l’ingénierie, que ce soit en reconversion ou en formation initiale, ce sont des métiers pour les 50 prochaines années. Il y a donc un intérêt certain à se lancer dans cette filière, pour décrocher un emploi d’avenir et monter en compétences.