Un an après les débuts de la crise du Covid-19, le tableau du marché du travail dressé par l’Insee n’est guère réjouissant. La mise en place massive du chômage partiel et les primes à l’embauche n’ont pas suffit à empêcher la destruction de 360 500 emplois dans le secteur privé en 2020. Et si le taux de chômage s’est fixé à 8 % et est revenu à son niveau d’avant-crise, il s’agit encore d’une « baisse en trompe-l’oeil ».
Coup sur coup, l’Insee a dévoilé les statistiques de l’emploi salarié et du chômage (au sens du BIT). Dans ses estimations provisoires publiées le 5 février 2021, l’Institut national des statistiques et des études économiques indique que sous l’effet du Covid-19, l’année 2020 a vu la destruction de 360 500 emplois dans le secteur privé en France. Soit une baisse de 1,8 % après 5 années de hausse consécutives ; que la mise en place massive du chômage partiel et les primes à l’embauche n’auront pas suffit à empêcher.
L’emploi salarié au plus bas depuis 2018
Au quatrième trimestre, suite au reconfinement, l’Insee a notamment enregistré 39 600 destructions nettes de postes (-0,2 % en 3 mois), après un “rebond” observé durant l’été (+1,6 %, soit 312 400 créations nettes au 3e trimestre). L’emploi salarié privé demeure inférieur à son niveau d’avant-crise : “il atteint fin 2020 son plus bas niveau depuis mi-2018”, précise l’organisme de recherche. Ces chiffres contrastent avec ceux de 2019 : l’année précédant la pandémie avait en effet été un bon millésime pour l’emploi, avec 263 100 emplois créés (+1,4 %).
Hors intérim (qui a continué à se redresser, avec 37 700 emplois supplémentaires), l’emploi salarié privé a baissé de 0,4 %, au quatrième trimestre. Soit 77 300 postes de moins.
Le tertiaire marchand, secteur employeur numéro un en France, a perdu 83 400 postes sur le quatrième trimestre, et près de 290 000 sur un an. Il s’agit de son premier recul annuel depuis 2009. L’industrie a perdu de son côté 17 600 emplois entre octobre et décembre, et 61 700 emplois (-2 %) en un an ; la plus forte baisse depuis 2010.
Dans la construction, l’emploi salarié privé demeure supérieur à son niveau d’avant-crise : +1,4 % sur un an (+ 20 300 emplois). L’emploi privé dans le tertiaire non marchand dépasse de 0,6 % (soit + 13 900) son niveau de fin 2019.
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Une baisse du taux de chômage en trompe-l’oeil
Au sens du BIT (Bureau international du Travail), le taux de chômage a baissé et s’établit à 8 % au quatrième trimestre 2020, après un rebond de 2 points le trimestre précédent. Selon les chiffres de l’Insee publiés ce mardi 16 février, le nombre de chômeurs atteint 2,4 millions de personnes en France (hors Mayotte) ; une baisse de 340 000 personnes.
Finalement, le taux de chômage est quasi stable (-0,1 point) par rapport à son niveau d’avant-crise, au quatrième trimestre 2019. Mais comme lors de ses précédentes publications sur le sujet, depuis le premier déconfinement, l’Insee évoque une “baisse en trompe-l’œil”.
“En raison du deuxième confinement, entre le 30 octobre et le 15 décembre, un nombre important de personnes ont basculé vers l’inactivité (halo autour du chômage ou inactivité hors halo), faute notamment de pouvoir réaliser des recherches actives d’emploi dans les conditions habituelles. Par ailleurs, la hausse de l’emploi est à relativiser par le repli des heures travaillées par emploi”, observe l’Insee.